Ouverture en Egypte du procès de Mohamed Morsi. Première apparition publique pour
l’ancien président qui est enfermé dans un endroit tenu secret depuis sa destitution
par l'armée le 3 juillet dernier. Pour des raisons de sécurité, Mohamed Morsi a été
conduit en hélicoptère jusqu’à la cours qui le jugera. Elle se trouve au sein de l’Académie
de police située dans un quartier à l’est du Caire. C’est là où se tient également
le procès de l’ancien raïs, Hosni Moubarak. Mohamed Morsi y est arrivé à 7h16 lundi
matin. Il sera jugé pour « incitation au meurtre » de manifestants quand il était
au pouvoir.
Le compte-rendu de Marie Duhamel
Le
premier président élu en Egypte risque la peine de mort. Avec 14 responsables de son
régime, Mohamed Morsi est accusé d’avoir poussé ses partisans, le 5 décembre dernier
après 6 mois de pouvoir, à avoir attaqué ses opposants, un million d’Egyptiens qui
manifestaient devant le palais présidentiel contre un décret accordant au président
islamiste une immunité judiciaire. Les heurts avaient fait 7 morts.
Le procès
de Mohamed Morsi se déroulera sans caméra, mais en présence de journalistes accrédités.
C’est un « test pour le pouvoir actuel », avertit Amnesty international. Le gouvernement
soutenu par les militaires laissera-t-il Mohamed Morsi se défendre ?
Dimanche,
l’armée a fait parvenir une vidéo de l’ancien président dans ce qu’on suppose être
sa cellule au journal Daily el-Watan, proche de l’armée. Selon l’agence AP qui cite
un militaire, il fallait atténuer le choc que représente la première apparition publique
du président déchu.
Un procès politique
« La seule image de Mohamed
Morsi dans le box grillagé des accusés risque de réveiller les foules en Egypte »,
telle est la prévision de Waël Haddara, un ancien assistant du président déchu aujourd’hui
en exil.
« Ce n’est pas seulement le procès d’un président élu, c’est le procès
de la volonté d’un peuple », lance l’Alliance contre le coup d’état. Ce lundi, les
partisans de Mohamed Morsi sont appelés à la mobilisation générale. Vendredi, ils
étaient déjà des milliers dans la rue. La police avait arrêté alors près de 70 personnes.
Des islamistes remontés par la destitution de leur leader, mais aussi par la répression
menée depuis par l’armée. Elle a fait plus de 1000 morts et quelques 2 000 membres
de la Confrérie des Frères musulmans sont également sous les verrous. Pour eux, le
procès de Morsi est politique. C’est d’ailleurs pour cette raison que la famille du
président déchu ne s’y rendra pas.
Au premier jour de procès, 20 000 policiers
anti-émeutes, appuyés par des blindés, ont été postés aux alentours du tribunal.