L’Eglise catholique se mobilise pour l’Amazonie et c’est une première. Elle se réunit
à Manaus, capitale de l’Etat d’Amazonas, dans le nord-ouest du Brésil, jusqu’à jeudi.
Cette rencontre veut répondre à l’appel pressant que le pape François avait lancé
aux évêques brésiliens lors des JMJ de Rio, en juillet dernier en faveur de l’Amazonie.
Dans les faits, la défense de l’Amazonie se révèle plus complexe.
En Equateur
par exemple, le président Rafael Correa a été contraint de demander au Congrès, début
octobre, l’autorisation d’exploiter le pétrole d’une importante réserve écologique.
Il s’est résigné à cette solution après avoir constaté l’échec d’un plan international
pour éviter l’extraction : la communauté internationale devait compenser le manque
à gagner de 3,6 milliards de dollars sur douze ans. Mais en près de six ans, l’Equateur
n’a recueilli qu’un demi-pourcent des sommes attendues.
Cette initiative innovante
a donc failli, selon Gaspard Estrada, chercheur à l'observatoire politique d'Amérique
latine et centrale, à Sciences Po Paris
Pourtant
« c’était la première fois qu’un pays acceptait de renoncer à exploiter une réserve
de pétrole qui représente 20 % des réserves prouvées de l’Equateur pour lutter contre
le réchauffement climatique. Le pays n’a pas pu et n’a pas su convaincre les bailleurs
de fonds internationaux qui en 2007, avaient peut-être une plus grande volonté de
soutenir ce genre de projets innovants , mais la crise est passée par là » explique-t-il.
Or, l’exploitation du pétrole demeure une ressource essentielle pour les caisses
de l’Equateur qui ne peut se permettre de vivre sans. « L’argent du pétrole est la
deuxième source de revenus après les impôts directs : l’enjeu pour le gouvernement
est donc très important. »
Les indigènes dans l’opposition
Ce
dossier n’est pas simplement économique. La protection de cette réserve symbolisait
aussi la prise en compte des intérêts des indigènes d’Amazonie et la protection de
leurs terres ancestrales. L’exploitation de la réserve élargit la brèche dans les
relations entre le gouvernement et les indigènes. En effet, « les relations sont tendues
depuis plusieurs années, précise le chercheur, et les partis indigènes sont aujourd’hui
dans l’opposition. » En outre, la protection de la réserve était soutenue par 70 %
de la population. Ce retournement du président Correa pourrait jouer en sa défaveur
sur le long terme.
Rafael Correa a tenté de trouver un compromis entre la
protection de l’environnement, essayant de respecter son engagement en faveur de la
protection de la nature, et la nécessité d’exploiter ces réserves de pétrole. L’exploitation
ne devrait concerner qu’un pour cent de la superficie de la réserve. Trop peu pour
certains, bien trop pour d’autres.