2013-10-29 08:27:44

Le M23 acculé par l’armée congolaise


Longtemps en position de force, les rebelles congolais du M23 semblent désormais au plus mal. L’armée congolaise poursuit son offensive et parvient jour après jour à grignoter du terrain sur le territoire jusqu’alors contrôlé par le M23. Les forces gouvernementales auraient repris lundi matin la base militaire stratégique de Rumangabo, au nord de Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les casques bleus confirment ce qui ressemble à une déroute et le chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco), Martin Kobler, parle même de « fin militaire du M23 ».

Les combats ont repris vendredi. Lundi, un casque bleu tanzanien a été tué dans les affrontements. Il est mort quand l’armée et la brigade d’intervention prenaient le contrôle de la ville de Kiwanja où la Monusco dispose d’une base importante. Cette progression rapide de l’armée congolaise pourrait donc bien porter un coup fatal au M23, comme nous l’explique Philippe Reyntjens, professeur à l’Institut du développement de l’université d’Anvers, spécialiste de la région des Grands Lacs RealAudioMP3

« Le M23 semble subir un échec tout à fait considérable. Il faut toutefois être prudent, relativise le chercheur, car l’armée congolaise a eu par le passé des gains qui ont été par la suite défaits ». « Si le M23 n’est pas renforcé par le Rwanda comme ce fut le cas par le passé, on assisterait alors à un vrai retournement du rapport de force entre les rebelles et les forces congolaises », estime-t-il. « Il est devenu beaucoup plus difficile pour le Rwanda d’être vu aux côtés du M23 puisque ses alliés, au premier rang desquels les Américains, ont signifié au président Paul Kagamé que tout soutien au M23 était inacceptable. » Aider les rebelles de façon visible devient donc très compliqué pour Kigali.

Face à la situation délicate de son allié du M23, le gouvernement rwandais a une nouvelle fois accusé Kinshasa d’avoir bombardé son territoire et a, en conséquence, amassé davantage de troupes le long de la frontière, menaçant d’intervenir directement. Ce n’est certes pas la première fois que cela se produit, mais cette stratégie pourrait pousser l’armée congolaise à prélever quelques troupes combattant les rebelles pour protéger sa frontière ce qui l’affaiblirait.

L’autorité de la RDC encore faible

La fin du M23, qui n’est pas encore acquise, ne signifierait pas que « l’autorité de l’Etat congolais soit rétablie sur l’ensemble du pays, et particulièrement dans l’est. Il y a un mouvement rebelle hutu rwandais, le FDLR, qui sévit dans cette région et il y a dix à vingt groupes armés non étatiques, de milices ethniques de toute sorte, de groupes maï-maï qui continuent à occuper des portions même réduites du territoire congolais, ce qui montre que le gouvernement congolais ne contrôle pas ce territoire. »

Pour rétablir une pleine souveraineté de l’Etat sur l’Est du pays, « il faudrait une véritable volonté politique à Kinshasa » considère Philippe Reyntjens. Le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de différences entre le Trésor et les comptes en banque privé, cela intéresse ceux qui ont ces comptes et qui pillent les ressources de l’Etat, » dénonce-t-il. Par ailleurs, il faut rétablir l’administration au Congo pour permettre un contrôle du territoire qui ne soit pas uniquement militaire estime le chercheur. « Il faut un minimum d’Etat de droit, ne serait-ce que pour attirer les investisseurs. Cela prendra beaucoup de temps, de volonté, d’efforts, et d’argent pour reconstruire cet Etat et la région » conclut Philippe Reyntjens.

Propos recueillis par Olivier Bonnel


Photo : soldats congolais posant après leur dernière victoire contre le M23







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