Au Mozambique, à un mois d’élections locales, la paix pourrait être menacée. Des anciens
rebelles de la Renamo, la force d’opposition, ont attaqué mardi matin un poste de
police dans le centre du pays, après avoir déclaré hier unilatéralement la fin de
l’accord de paix de Rome. Signé sous l’égide de la communauté de Sant’Egidio en 1992,
ce texte avait permis la paix au Mozambique après 16 ans de guerre civile entre la
Renamo et le parti au pouvoir, le Frelimo.
Depuis plusieurs mois, leurs relations
se sont fortement dégradées, avec des attaques à répétition de chaque côté.
Un
climat inquiétant pour le Père Angelo Romano, membre du Bureau des relations
internationales de la Communauté Sant’Egidio. Il répond à Jean-Baptiste Cocagne
« Je pense
que la situation est très grave, c’est une déclaration qui nous préoccupe beaucoup.
Mais je pense aussi qu’il y a encore tout l’espace pour éviter le pire, c’est-à-dire
d’éviter le retour à la logique de violence et de confrontation tel que le pays a
connu il y a vingt ans et qui je pense, le peuple mozambicain a absolument refusé
et qui cherche absolument à le considérer comme quelque chose du passé pas du futur
».
Quels sont ces espaces de médiation dont vous parlez ?
«
Je pense que le gouvernement du Mozambique et les responsables de la Renamo ont tous
les moyens pour se parler directement, pour trouver les pistes et les espaces possibles
de dialogue pour le bien du pays. Ils sont tous des mozambicains, ils connaissent
leur pays et savent que le peuple mozambicain cherche la paix. Dans ces vingt ans
de paix, le pays a fait des progrès remarquables de développement économique mais
pas seulement, aussi social. Ces vingt ans de paix ont été un moment de grâce pour
le pays. Franchement je pense que tous les mozambicains ont dans leur âme l’espoir
que ce qu’ils ont vécu dans le passé ne pourra jamais revenir encore une fois ».
Est-ce
que cette déclaration de la Renamo était prévisible, est-ce que ca couvait ces derniers
mois ?
« C’est difficile à dire. Je dirais que tous ont suivi l’escalade
de la tension avec beaucoup de préoccupation et surtout pour les victimes, il y a
eu des morts, il y a eu des confrontations armées. Donc la première préoccupation
est d’arrêter cette escalade de violence. Le problème c’est que les protagonistes
de la paix de ’92 doivent retourner à l’esprit de ’92. Le monde a changé, le Mozambique
aussi a changé donc il faut regarder la réalité du pays, la réalité de l’Afrique,
du monde avec le sens de responsabilité qu’il faut dans ce moment. Il faut un effort
supplémentaire dans tous les cas pour chercher tout ce qui peut, aujourd’hui, faire
baisser la tension. J’espère que le pays pourra trouver les ressources humaines, politiques
pour mettre fin à une crise qui est vraiment dangereuse pas seulement pour le Mozambique
mais pour toute l’Afrique ».