Journée missionnaire mondiale : Sœur Alice au secours des enfants de RDC
Dimanche 20 octobre est la journée missionnaire mondiale. L'occasion de mettre en
lumière une action missionnaire. Nous avons choisi celle de Sœur Alice Bangnindong.
D’origine ghanéenne, elle est missionnaire de Notre-Dame d’Afrique depuis l’an 2000
à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, où elle travaille à l’ORPER, l'Œuvre
pour la réunification des enfants de la rue.
Loin des conflits qui minent
le nord-est de la RDC, Kinshasa la capitale concentrent d’autres maux : pauvreté,
chômage, exclusion. De nombreux enfants sont livrés à eux-mêmes dans les rues de la
capitale congolaise. Au-delà de la pauvreté, les enfants sont souvent rejetés pour
des questions culturelles, liées entre autres à l’explosion des sectes et de la sorcellerie.
De passage à Rome, Sœur Alice a livré son témoignage à Olivier Bonnel
«
Une chose très grave pour moi, ce sont les sectes, cette croissance des sectes et
des églises qui poussent comme des champignons et souvent ce sont les pasteurs qui
accusent facilement les enfants de sorcelleries. Ils passent sur une avenue et ils
disent tout à coup « cet enfant je le vois il est possédé, il faut le délivrer » et
les enfants se laissent faire, » raconte sœur Alice. Mais qu’arrive-t-il aux enfants
accusés ? « qu’ils soient accusés par le pasteur ou même par sa famille, l’enfant
est amené dans l’Eglise et là il est obligé de jeûner parfois pendant un jour ou trois
jours et vous imaginez un enfant de trois ans ou quatre ans jeuner même une seule
journée ? Est-ce qu’il va s’en sortir ? »
Jeûne forcé et torture
Outre
le jeûne forcé, la religieuse explique que les enfants sont soumis à des actes de
torture, car selon « ces églises-là » avant de pourvoir délivrer un enfant, il faut
que ce dernier confesse qu’il est un sorcier. « A cause de ça, il y a beaucoup d’enfants
dans la rue », conclut-elle.
Des enfants sont ainsi accusés par des pasteurs
sans motif apparent, mais aussi par leurs parents. Pour quelles raisons ? Sœur Alice
affirme qu’ils paient souvent tous les maux et dysfonctionnement de la société. Elle
cite plusieurs exemples : le père qui perd son emploi, la mère qui ne parvient pas
à avoir un second enfant, un décès dans la famille…
Les enfants sont des
cibles faciles
« Pour moi, explique sœur Alice, ce sont des êtres humaines
faibles et il ne peuvent pas se défendre ». Elle souligne par ailleurs le fait que
des enfants qui ont des pathologies cliniques, des problèmes psychologiques sont également
désigné comme sorcier. « Parfois tu as la chance de convaincre que l’enfant souffre
d’une maladie et on peut le soigner », mais dans d’autres cas, ils ne verront jamais
un psychologue.
Afin d’aider les enfants accusés de sorcellerie, l’association
de Sœur Alice a d’abord créé des centres d’accueil, « des milieux ouverts », où l’enfant
peut parler. « La première chose, c’est d’écouter », dit-elle. Dans chaque centre,
se trouve ainsi des éducateurs sociaux, « pour les garçons et pour les filles ». En
écoutant les enfants se livrer, ces éducateurs tentent de connaitre l’identité de
celui que se confie et l’adresse de ses parents proches ou de sa famille élargie.
Comment les réinsérer ?
Ils demandent ensuite à l’enfant s’il
accepterait d’être accompagné chez lui pour que l’éducateur puisse parler à ses parents.
Si l’enfants accepte, il est amené dans sa famille et l’association de sœur Alice
assure un suivi, voire paie des frais de scolarité « pour un temps ». Il arrive en
effet que l’enfant soit accusé de sorcellerie, car les parents ne peuvent plus s’en
occuper en raison de difficultés économiques. « Pour les enfants que nous n’arrivons
pas à réintégrer dans leurs familles, nous avons des cours d’alphabétisation sur place.
Ceux que cela intéresse, on les inscrit dans des écoles régulières. Cela fait partie
de la réinsertion ».