C’est un nouveau naufrage dont les conséquences ont pu être limitées grâce à la coopération
européenne. L’Italie et Malte se sont mobilisés et continuent à rechercher des rescapés.
Ce vendredi en fin d’après-midi une embarcation avec à son bord 250 migrants est survolée
par un avion militaire maltais. Les passagers s’agitent pour se faire repérer faisant
chavirer le navire surchargé. Malte lance immédiatement les opérations de secours
avec l’active participation de la marine italienne. Des hélicoptères et des vedettes
sont envoyés sur les lieux, des chalutiers et des navires commerciaux sont déroutés.
Ce nouveau naufrage est une dramatique confirmation de la situation d’urgence que
représente l’immigration clandestine a réagi Enrico Letta. La réaction de l’Europe
a cette fois été immédiate. Bruxelles estime plus que jamais urgent de lancer une
grande opération Frontex pour renforcer la surveillance des frontières de l’Union
Européenne. L’UE qui demande à la Libye et la Tunisie de faire cesser le commerce
indigne des embarcations de fortune. L’immigration sera à l’ordre du jour du prochain
sommet européen.
La méditerranée, un cimetière à ciel ouvert
C’est
dorénavant la définition la plus adaptée à une mer où se noient des milliers de migrants
chaque année.Selon les ONG, près de 20.000 migrants et réfugiés ont péri en
tentant de traverser la Méditerranée ces 20 dernières années. Un phénomène évidemment
lié à l’explosion de l’immigration illégale sur la même période. En Méditerranée occidentale,
chaque jour, des centaines de candidats à l’émigration illégale vers l’Union européenne
tentent de passer par le détroit de Gibraltar. Au Maroc, le taux de départ annuel
est de 15% des hommes valides, soit 7,5 fois la moyenne mondiale du taux d’émigration
par pays (évalué à 2%). En Méditerranée orientale, les printemps arabes et les guerres
au Moyen-Orient ont considérablement augmenté les flux migratoires. L’Italie est en
première ligne. Depuis le début de l’année 2011, l’Italie a enregistré plus de 21
000 arrivées (dont environ 18 000 Tunisiens, 400 Afghans, 300 Erythréens, 200 Egyptiens)
principalement à Lampedusa mais aussi Linosa et Ragusa. Si les flux augmentent en
provenance de Tunisie, les principales inquiétudes concernent la Libye. Plus de 100
000 personnes chercheraient à fuir le pays, selon une estimation du Haut-Commissariat
pour les Réfugiés datant du 28 février 2011, principalement vers la Tunisie et l’Egypte.
Plus grave encore, l’Office des migrations internationales (OMI) évalue entre 500
000 et 1,5 million la population de migrants sub-sahariens et de la Corne de l’Afrique
qui étaient coincés jusqu’alors en Libye et qui cherchent à la quitter. L’Union européenne
parle elle de 750 000 migrants potentiels.
L’Europe, entre impuissance
et passivité
Lampedusa est la porte d’entrée de l’Union Européenne, pas
celle de l’Italie répètent les autorités italiennes qui fustigent la passivité de
Bruxelles dans ce dossier. Elles demandent avec les autres pays du Sud en première
ligne des actes concrets et une aide effective. Elle passe par le renforcement du
dispositif Frontex pour surveiller plus efficacement les frontières de l’UE. Mais
les ressources humaines et financières de ce dispositif mis en place il y a moins
de dix sont en constante diminution. Rome demande également plus de solidarité européenne
dans l’accueil des immigrés avec une prise en charge également de la part des pays
du Nord. Une réforme du droit d’asile et d’accueil est à l’étude. Enfin une action
doit être menée de l’autre côté de la Méditerranée pour aider les pays d’origine à
soutenir leur population et à mieux contrôler leurs frontières poreuses. Autant de
pistes dont la mise en œuvre est chaque jour encore plus urgente.