Nouvel incendie dans une usine textile au Bangladesh
Un nouveau grave incendie a provoqué pendant la nuit de mardi la mort d’au moins neuf
ouvriers dans une fabrique de vêtements située dans le faubourg industriel de Gazipur,
près de la capitale Dacca. Deux autres usines limitrophes ont également brûlé. L’incendie
a dévasté la fabrique Aswad en dehors des horaires de travail officiels mais le grand
nombre de victimes et de blessés (une cinquantaine) confirme la réalité des heures
supplémentaires, pourtant habituellement niées par les responsables des usines du
secteur. Le risque d’accidents sur les lieux de travail reste réel, alors que le
pays a subi ces derniers des pressions tant internes qu’internationales pour opérer
des changements concrets. Les conditions de travail des ouvriers textiles ont été
tragiquement dévoilées par l’incendie à Ashulia, près de Dacca, qui avait coûté la
vie à 112 personnes le 29 novembre 2012 et causé de graves brûlures et intoxications
à des centaines d’autres travailleurs, ainsi que par l’effondrement d’un bâtiment
en avril à Savar, autre zone industrielle, dans lequel plus de 1100 personnes avaient
trouvé la mort. L’industrie de l’habillement et des accessoires, destinée pour
la plupart aux exportations vers l’Europe et les Etats-Unis, représente la principale
source de devises étrangères pour le Bangladesh, et un chiffre d’affaires de 16 milliards
de dollars par an. Le secteur emploie par ailleurs 4 millions de personnes, surtout
des femmes, dans au moins 5000 usines. Pourtant, malgré l’importance du secteur
pour le pays, les conditions de travail et les salaires restent gravement insuffisants.
Les ouvriers bengalais du textile font partie des moins payés au monde (leur salaire
minimum équivaut actuellement à 28 euros) et les revendications pour une augmentation
jusqu’à 75 euros traînent depuis des semaines en grèves, manifestations et troubles,
dont certains se sont soldés par des victimes. Le nombre d’heures de travail des ouvriers
textiles peuvent arriver jusqu’à 80 heures par semaine, dans des lieux le plus souvent
délabrés et non conformes aux normes d’hygiène et de sécurité. Qui plus est, dans
de nombreux cas, les locaux sont le plus souvent fermés afin d’empêcher la sortie
des travailleurs avant la fin de leur tour.(Misna)