Une vaste opération de sécurité et de sauvetage en Méditerranée
Les Européens sont appelés à organiser une vaste opération de "sécurité et de sauvetage"
en Méditerranée pour répondre à l'émotion causée par la tragédie de Lampedusa, sans
remettre en cause leur politique en matière d'asile. "Je vais proposer aux Etats membres
d'organiser une grande opération de sécurité et de sauvetage en Méditerranée, de Chypre
à l'Espagne", a annoncé la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures,
Cecilia Malmström, à son arrivée à une réunion des ministres européens de l'Intérieur
à Luxembourg.
Elle accompagnera mercredi le président de la Commission européenne,
José Manuel Barroso, à Lampedusa, où plus de 200 migrants ont péri dans le naufrage
de leur embarcation jeudi dernier. Les plongeurs italiens ont repris mardi matin
leur travail de récupération des corps des victimes, tandis que par ailleurs deux
navires ont sauvé dans les eaux siciliennes plus de 400 nouveaux immigrés clandestins,
qui se disent pour la plupart Syriens.
Frontex n'avait plus de moyens, à
cause de l'austérité
Dans le cadre de l'opération annoncée par la Commission
européenne, les Etats membres seront appelés à fournir des navires, des avions et
surtout de l'argent pour permettre à Frontex, l'agence de surveillance des frontières
européennes, de mener à bien cette mission. Frontex, qui a permis de sauver des milliers
de vies ces deux dernières années, n'a pas de moyens propres, et son budget a été
réduit au nom de l'austérité imposée par la crise. Mme Malmström a reconnu que l'une
des premières demandes présentées aux Etats sera une contribution pour renflouer le
budget de Frontex, réduit de 118 millions d'euros en 2011 à 85 millions cette année.
Elle
attend un accord politique des ministres pour mettre en oeuvre cette opération. La
deuxième étape sera une identification des moyens nécessaires pour ensuite lancer
un appel à contributions. L'annonce de l'opération Frontex permet de rendre moins
visible les refus opposés mardi par les pays du nord de l'Europe aux demandes de changement
des règles en matière d'asile. L'Italie, Malte, la Grèce, Chypre, la Bulgarie et l'Espagne
sont les portes d'accès à l'UE pour les migrants venus d'Afrique et du Proche-Orient.
Les réfugiés arrivés par la mer ne représentent qu'une infime partie des demandeurs
d'asile.
Les pays d'arrivée ne sont pas les pays recherchés par les demandes
d'asile
Ils ont été plus de 330.000 à frapper aux portes de l'UE en 2012.
70% des demandes ont été enregistrées par l'Allemagne (77.500), la France (60.600),
la Suède (44.000), le Royaume-Uni (28.000) et la Belgique (28.000), selon les données
d'Eurostat, l'office statistique de l'UE. L'Italie, avec 15.000 demandes en 2012,
n'est pas le pays le plus sollicité, font valoir les pays du nord de l'UE. C'est donc
sans surprise que les ministres allemand, suédois et danois ont une nouvelle fois
rejeté l'idée d'une modification de l'accord de Dublin, qui impose aux pays d'arrivée
des demandeurs de traiter les demandes.
Sur 28 Etats membres, 24 sont opposés
à une modification des règles. Et la montée en puissance des mouvements populistes
et anti-européens rend impossible une telle décision par les gouvernements, reconnaît
une source européenne. (avec AFP)