L’Allemagne s’achemine vers une grande coalition. Après sa large victoire, la chancelière
Angela Merkel a commencé vendredi ses premières discussions avec les sociaux-démocrates
pour former un gouvernement réunissant centre-gauche et centre-droit comme entre 2005
et 2009.
Paradoxe, les partis de gauche, SPD, die Linke et les Verts sont
majoritaires au Bundestag mais la formation d’un gouvernement les réunissant est impossible
vu l’ampleur des désaccords existant entre eux. La solution d’un gouvernement minoritaire,
avec la seule CDU/CSU n’est pas non plus envisageable comme l’explique à Xavier
Sartre Hans Stark, chercheur à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques
(IRIS) à Paris
Un
gouvernement minoritaire « ne s’est jamais fait dans l’histoire allemande à l’échelle
nationale » rappelle le chercheur. D’autre part, et c’est sans doute l’argument principal,
« la CDU n’a pas la majorité au Bundesrat, la chambre haute du parlement ». « Ce sont
les sociaux-démocrates qui dominent la chambre des länder, chambre qui co-vote la
moitié des lois. Mme Merkel ne peut donc pas gouverner contre les sociaux-démocrates,
même avec un gouvernement minoritaire qui frôle la majorité absolue. »
Angela
Merkel a l’intention de mener plusieurs réformes délicates comme la transition énergétique,
un dossier compliqué à gérer. « Elle a besoin d’un partenaire sûr » souligne Hans
Stark. Ce dernier facteur fait donc pencher la balance en faveur du SPD même si la
CDU entend discuter également avec les Verts. Mais les écologistes sont affaiblis,
leur direction devrait changer et la droite ne peut pas se permettre de former une
coalition avec un partenaire peu fiable même si certains, au sein des chrétiens-démocrates,
aimeraient bien tenter cette expérience, plusieurs personnalités des Verts étant proches
intellectuellement de la CDU.
Les négociations devraient durer plus de deux
mois, durée des précédentes tractations en 2005, lors de la formation de la dernière
grande coalition. Mais cette fois, le chancelier est le même et le gouvernement sortant
peut assurer sans problème la gestion des affaires courantes. Ce qui laisse tout le
temps à Angela Merkel pour obtenir un contrat de coalition qui la satisfasse pleinement.
Photo : Sigmar Gabriel, président du SPD, à l'issue de la rencontre avec
Angela Merkel, vendredi à Berlin