L'Eglise philippine appelle à lutter contre la corruption
A la veille d’une manifestation géante, organisée par un collectif d’associations
de la société civile, pour dénoncer la corruption au sein des institutions de l’Etat
des Philippines, l’épiscopat catholique a multiplié les prises de position. Elle demande
au président Aquino de ne pas rester sourd à l’appel populaire et d'engager une réelle
politique de lutte contre la corruption. Les organisateurs de la Million March People
veulent réitérer ce vendredi la marche contre la corruption organisée le 26 août dernier
à Manille. Cette manifestation devrait être encore plus forte que la précédente, a
indiqué au 'Philippine Daily Inquirer' Patricia Tan, porte-parole du mouvement.
L’objet
de la manifestation portera plus spécifiquement sur l’abolition du "pork barrel".
Les Philippins désignent sous ce sobriquet le 'Priority Development Assistance Fund
(PDAF)', qui consiste en une somme allouée de manière discrétionnaire aux élus du
Congrès pour leur permettre de financer des projets de développement. Ces montants
sont importants : 200 millions de pesos (4,5 millions de dollars) pour chacun des
24 sénateurs et 70 millions de pesos (1,575 million de dollars) pour chacun des 294
élus de la Chambre basse du Congrès.
Un audit publié en août dernier a montré
que six milliards de pesos avaient été détournés entre 2007 et 2009 à des fins électoralistes,
personnelles, voire mafieuses. Douze sénateurs et 180 représentants sont directement
concernés. On leur reproche d’avoir mis en place un ensemble d’ONG fictives pour détourner
ces fonds publics.
Absence de sens de la justice
A la veille
de la manifestation, l’Eglise catholique des Philippines a fait entendre sa voix pour
appuyer ce mouvement de lutte contre la corruption. Lors d'une conférence de presse
le 3 octobre, le président de la Conférence épiscopale, Mgr Jose Palma, archevêque
de Cebu, a expliqué qu’il fallait en finir avec le système du PDAF. "Ce système avait
été conçu pour permettre de faire le bien, mais il a été utilisé de manière mauvaise",
a affirmé le prélat.
Le cardinal-archevêque de Manille, Mgr Luis Antonio Tagle,
a appelé les politiciens à changer d’attitude et à se convertir car la corruption
est partout. Il a invité les membres du gouvernement impliqués dans un inextricable
réseau de corruption à visiter les pauvres et à se rendre dans les bidonvilles pour
réaliser à quoi pourrait être affectés de manière efficace les fonds du "pork barrel".
"Nous ne manquons pas seulement d’amour les uns pour les autres, mais nous faisons
aussi preuve d’une réelle absence de sens de la justice", a-t-il conclu.(apic/église
d'Asie)