Le président du Sénat italien : " le Pape est un exemple à suivre"
Entretien Pietro Grasso, président du Sénat italien a accueilli le pape François
à Assise ce vendredi matin, à sa descente d'hélicoptère. Notre envoyé spécial Antonino
Galofaro a pu s'entretenir avec lui, quelques heures avant sa rencontre avec le Saint-Père.
Il nous livre ses réflexions sur le sens de cette visite pastorale, mais aussi les
enseignements du pape pour la vie politique italienne.
Que signifie
pour vous cette visite du pape François ici à Assise ?
C’est vraiment exceptionnel
qu’un pape qui a pris le nom de François vienne visiter Assise. C’est un évènement
historique. Je suis à Assise en m’étant préparé spirituellement et je suis ému de
participer à un grand évènement, comme ceux auxquels nous a habitué jusqu’ici le pape
François. Pour la première fois, je jour de la fête de Saint François, un pape portant
son nom vient visiter la ville où il est né. C’est une ville dans laquelle il va assurément
nous délivrer son discours sur la pauvreté, sur l’humilité, sur la fraternité, mais
aussi sur l’œcuménisme des religions. Assise est une ville qui depuis toujours unit
François aux Italien, « le saint les Italiens qui est en même temps le plus italiens
de tous les saints », comme on le définit. François est un saint qui représente l’unité
de l’Italie, il est le saint patron du pays avec Sainte Catherine, et il est donc
particulièrement important dans le panorama de l’actualité du pays, pas seulement
religieux et spirituel, mais aussi économique et politique, car nous avons besoin
d’unité et de force pour résoudre les problèmes de notre pays. Je pense que tout cela
va donner du sens à cette émotion d’avoir la présence du Pape parmi nous.
Selon-vous,
le Pape a réactualisé le message de Saint François sur la pauvreté ?
Certainement.
La pauvreté dans le sens où elle va à l’encontre de ce que l’homme contemporain recherche
: le gain à tout prix, sans règles ou violant les règles. La pauvreté entendue comme
système de vie, comme une sobriété de vie, comme jouissance des choses essentielles
de la vie à l’image de François. Ceci est le grand message que nous avons reçu de
Saint François, dans la littérature, l’art et la culture de l’Italie, et le pape François
va sûrement réactualiser cela. Ce sera une renaissance sur le plan culturel et spirituel,
à laquelle nous avait habitués saint François. Nous attendons cette renaissance.
Que
vous inspire la volonté de réforme de l’Église de la part du pape ?
Nous
sommes presque dans un paradoxe : le pape qui est le vicaire du Christ, par définition
infaillible et qui recherche la collégialité. A l’inverse de nombre de nos hommes
politiques qui recherchent le leadership, au lieu de la collégialité. Je pense que
le pape est exemple que nous devons suivre, comme politiques. Il y a ce comportement
d’aller de l’avant tout en recherchant le Bien Commun, le bien du pays et pas seulement
l'intérêt individuel. Nous aussi devons avoir ce courage de nous ouvrir à la collectivité,
avoir le courage de transmettre de la confiance et de l’espérance. Nous devons comprendre
également que s’ouvrir signifie reconnaitre nos propres erreurs, et donc avoir la
capacité de changer. Voilà l’esprit qui devrait animer la politique, celui du changement.
Le pape agit en quelque sorte comme primat décisionnaire, mais au sein d’une collégialité
qui le conseille, et notre politique devrait s’en inspirer. Je pense que le pape devrait
nous pousser à combler ce retard. Je voudrais tant que notre système change, j’ai
de nombreuses idées pour faire évoluer les choses, mais je sens un système qui empêche
de le faire rapidement.
Vous allez demander conseil au pape ?
Sûrement,
si j’en ai la possibilité ! J’espère vraiment avoir cette opportunité parce qu’il
m’aide a mieux faire mon métier d’homme politique.
(Photo: Pietro Grasso,
président du Sénat italien)