Lampedusa : le Pape exprime honte et douleur après la mort de dizaines de réfugiés
Face aux nombreuses victimes d’un nouveau naufrage ce jeudi matin au large de l’île
italienne de Lampedusa, le pape François a évoqué " la honte" que lui inspirait ce
drame. " C’est le mot honte qui me vient, c’est une honte" a déclaré le Saint-Père
qui s’exprimait lors de la rencontre avec les participants aux trois journées (2-3-4
octobre) célébrant le cinquantenaire de l’encyclique Pacem In Terris du pape Jean
XXIII.
" Prions, a-t-il dit, pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui
sont morts et pour les familles des réfugiés. Unissons nos efforts pour qu’une telle
tragédie ne se répète pas ". Seule une collaboration décisive de tous peut aider à
la prévenir. Le pape a exprimé sa " grande douleur " face à une telle tragédie, liant
cette question à " l’inhumaine crise économique mondiale, symptôme d’un grave manque
de respect pour l’homme ".
Le pape a également envoyé très rapidement un tweet
: " Prions Dieu pour les victimes du tragique naufrage au large de Lampedusa ".
Un
bateau transportant environ 500 migrants, originaires de la Corne de l'Afrique, a
fait naufrage jeudi matin près de Lampedusa, en Sicile. En début de soirée, le bilan
s'élevait à au moins 130 morts. Le président du Conseil Italien Enrico Letta a annoncé
un deuil national dans le pays ce vendredi.
Le Saint-Père avait effectué une
visite pastorale à Lampedusa le 8 juillet dernier. Face au drame des immigrés clandestins,
il avait dénoncé la " mondialisation de l'indifférence ".
Nous avons joint
le cardinal Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale
des migrants et des personnes en déplacement. Il exprime " sa profonde tristesse"
après cette dernière tragédie qui a fait de nombreuses victimes " beaucoup d’hommes,
de femmes, d’enfants dont nous ne connaissons même pas le visage, même pas le nom.
Pour tous ces gens-là, prions Dieu ". Ce qui se passe, affirme t-il, " c’est qu’ il
y a des morts continuellement. Il s’agit d’évènements tragiques dont la responsabilité
est un peu, il faut le dire, de chacun de nous ". " Ce n’est pas une question adressée
aux autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous " .Écoutez
sa réaction Des propos recueillis
par Jean-Baptiste Cocagne
Le Centre Astalli interpelle les leaders européens
De son côté, le Centre Astalli, dirigé par les jésuites italiens, qui vient en
aide aux réfugiés a réclamé des mesures extraordinaires pour qu’on cesse de mourir
en Méditerranée. Il interpelle les institutions et les dirigeants des Etats européens
et encourage le gouvernement italien à demander à la Commission européenne de mettre
en place immédiatement des couloirs humanitaires visant à garantir une protection
internationale aux victimes des guerres et des conflits.
Garantir le droit
d’asile, aujourd’hui, cela veut dire permettre aux réfugiés et aux migrants d’atteindre
des pays sûrs sans qu’ils soient contraints de risquer leur vie en s’en remettant
à des trafiquants et des criminels. Cette tâche, selon le Centre Astalli, pourrait
être confiée au programme Frontex. « Il est inacceptable et honteux - affirme le père
Giovanni La Manna, président du Centre - qu’en 2013 des tacots délabrés puissent encore
voyager en Méditerranée avec 500 personnes à bord dans l’indifférence générale. Les
condoléances formelles ne suffisent pas. Il faut accueillir les vivants, faute de
quoi nous sommes tout aussi coupables que les passeurs ».
Selon les enquêteurs,
les passagers du navire ont mis le feu à des couvertures pour signaler leur présence
à des navires marchands. En raison du carburant, le navire a pris feu et coulé. Ils
ont d'abord été secourus par des bateaux de tourisme alertés par des cris. L'alerte
a été donnée par des bateaux de pêche qui se trouvaient dans la zone. Interrogés par
des médias, des rescapés sur place ont dit être partis deux jours plus tôt de Misurata
en Libye.
Témoignage recueilli par Emanuela Campanile de Vito Fiorino,
un commerçant de l’île de Lampedusa qui a été parmi les premiers à donner l’alerte
et à porter secours aux naufragés
Plusieurs
hommes politiques italiens ont demandé que l'Italie et l'Europe se dotent de politiques
adaptées de surveillance des côtes pour éviter de telles tragédies. Depuis le début
de l'année, plus de 22.000 migrants ont été débarqués sur les côtes du sud de l’Italie
soit près de trois fois plus que sur l'ensemble de 2012.