Cinquante ans après Pacem in Terris, le Pape souligne toute sa pertinence
Le pape François a reçu en audience ce jeudi au Vatican les participants aux trois
journées (2-3-4 octobre) célébrant le cinquantenaire de l’encyclique Pacem in Terris
du pape Jean XXIII. Le Saint-Père a d’ailleurs indiqué que « la Providence a voulu
que cette réunion ait lieu juste après l'annonce de sa canonisation ». Il s’est ensuite
attardé sur le contexte dans lequel a été publiée l’encyclique- en pleine « guerre
froide » - tout en soulignant sa grande actualité.
« À la fin de l’année 1962,
l'humanité se trouvait sur le seuil d'une guerre mondiale nucléaire, et le pape lança
un appel dramatique et sincère en faveur de la paix, en s’adressant à tous ceux qui
détenaient le pouvoir. C'était un cri adressé aux hommes, mais aussi une supplique
tournée vers le Ciel. Le dialogue qui a alors débuté laborieusement entre les principaux
blocs a conduit, a indiqué le pape François, durant le pontificat de Jean-Paul II,
au dépassement de cette phase et à l'ouverture d'espaces de liberté et de dialogue.
Les graines de la paix lancées par le bienheureux Jean XXIII ont porté leurs fruits
».
Pourtant, précise le Souverain Pontife, même si les murs et des barrières
sont tombés, le monde continue d'avoir besoin de la paix et l'appel de Pacem in Terris
reste d’une grande actualité. Mais quel est le fondement de la construction de la
paix ? Pacem in Terris, affirme le Saint-Père, rappelle qu’il consiste en l'origine
divine de l'homme, de la société et de l'autorité elle-même , qui sous-tend un engagement
des individus, des familles, des différents groupes sociaux et des États à vivre des
rapports de justice et de solidarité. « Construire la paix, en suivant l'exemple de
Jésus-Christ, est donc la tâche de tous les hommes ». Et le pape indique deux chemins
à suivre : « promouvoir et pratiquer la justice avec vérité et amour et contribuer,
chacun selon ses capacités, au développement humain intégral, selon la logique de
la solidarité ».
Œuver en faveur de la justice et de la solidarité
Le
pape pose alors son regard sur la société actuelle et s’interroge « avons-nous compris
la leçon de Pacem in Terris ? Je me demande si les mots justice et solidarité sont
seulement dans notre dictionnaire ou si tous nous œuvrons pour qu’ils deviennent réalité.
L'encyclique du Bienheureux Jean XXIII nous rappelle clairement qu'il ne peut y avoir
de véritable paix et harmonie si nous ne travaillons pas en faveur d’un monde plus
juste et solidaire, si nous ne surmontons pas l'égoïsme, l'individualisme, les groupes
d'intérêt, et ce, à tous les niveaux ». Le Saint-Père rappelle alors que Pacem
in Terris met en évidence « la valeur de la personne, la dignité de chaque être humain,
qu’il faut toujours promouvoir, respecter et protéger ».
Et, précise-t-il
en citant Jean XXIII, il ne s’agit pas seulement de garantir les principaux droits
civils et politiques, mais il faut aussi offrir à chacun la possibilité d’accéder
véritablement aux biens essentiels que sont : la nourriture, l'eau, les soins de santé,
l'éducation, le logement et la possibilité de créer et soutenir une famille. Ce sont
les objectifs qui ont une priorité absolue au niveau de l’action nationale et internationale
et qui en mesurent la bonté. « De ces objectifs dépend une paix durable pour tous,
affirme le pape, en rappelant qu’il est important d’accorder une place aux différentes
associations et organismes qui, dans la logique de la subsidiarité et dans un esprit
de solidarité, poursuivent de tels objectifs » .
Cinquante ans après Pacem
in Terris interroge le Saint-Père « ces objectifs se reflètent-ils dans l'évolution
actuelle de nos sociétés ? ». L’encyclique « n’entendait pas affirmer qu’il était
du devoir de l'Eglise de donner des indications concrètes sur des questions qui, dans
leur complexité, doivent être laissées à la libre discussion ». Concernant les questions
politiques, économiques et sociales, ce n’est pas le dogme qui doit indiquer les solutions
pratiques , mais plutôt le dialogue, l'écoute, la patience, le respect, la sincérité,
et aussi la volonté de revoir sa propre opinion. L’appel à la paix du pape Jean XXIII
en 1962 visait à orienter le débat international sur ces vertus.
Le modèle
actuel de développement doit être repensé
Le pape François invite alors
les participants aux trois journées célébrant le cinquantenaire de Pacem in Terris
à s’imprégner des principes fondamentaux de l’encyclique pour réfléchir durant leurs
travaux à l'urgence éducative, l'influence des médias sur les consciences, l'accès
aux ressources, l'utilisation bonne ou mauvaise des résultats de la recherche biologique,
la course aux armements ou encore les mesures de sécurité nationale et internationale.
La crise économique mondiale, qui est un symptôme grave du manque de respect
pour l'homme et pour la vérité, à l'origine de décisions des gouvernements et des
citoyens, nous le dit clairement. Pacem in Terris trace une ligne qui va de la paix
à construire dans le cœur des hommes à une facon de repenser notre modèle de développement
et d'action à tous les niveaux, pour que notre monde soit un monde de paix. « Je me
demande si nous sommes prêts à accepter cette invitation » a conclu le pape.