Réchauffement climatique : peut-on allier croissance et protection de l'environnement
?
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui rassemble
250 scientifiques du monde entier, a adopté vendredi 27 septembre, le premier volet
de son nouveau rapport. Principale conclusion : la responsabilité de l'homme dans
le réchauffement climatique est « toujours plus certaine » . Le texte indique que
la planète pourrait se réchauffer de 4,8 °C et l'eau monter de près d'un mètre d'ici
à 2100.
Ecrit par quelque 250 scientifiques, il remet en lumière l'urgence
d'agir pour espérer contenir le réchauffement à +2°C depuis l'ère pré-industrielle
: un objectif adopté par les 195 pays négociant sous l'égide de l'ONU mais qui semble
de moins en moins réalisable. Résumé des points cruciaux abordés par les climatologues.
Mais
comment limiter le recours aux énergies fossiles qui ne font qu'accroître les gaz
à effet de serre et le réchauffement climatique, tout en maintenant la croissance
économique ? Est.ce possible ?
Anne de Bethencourt est responsable des
relations extérieures de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme
Pour
la responsable à la Fondation Nicolas Hulot sur la Nature et l’Homme, « l’excès de
l’extraction des ressources naturelles et des énergies fossiles » est responsable
des problématiques actuelles sur l’environnement. « La nature n’a plus la capacité
de résorber les gaz à effet ou de renouveler les énergies et/ou ressources naturelles
et si on continue à ce rythme, évidemment on aura un problème de croissance » poursuit
Anne de Béthencourt. La croissance est basée sur l’extraction des ressources naturelles.
« On ne sait rien fabriquer qui ne soit pas issue de ans la nature », souligne-t-elle.
Anne de Béthencourt estime que la croissance telle qu’on la connait aujourd’hui
« je prends, j’extraie, je transforme et je jette » n’a pas d’avenir car, « nous allons
être face à un phénomène qu’on ne connaissait pas jusqu’à aujourd’hui ». La raréfaction
des ressources et l’augmentation de l’effet de serre sont des éléments qui vont nous
« pousser à faire évoluer notre modèle économique ».
« Passer d’un
modèle de gestion des déchets à un modèle de gestion des ressources »
Responsable
à la FNH, mais aussi vice-présidente de l’Institut Economie Circulaire, Anne de Béthencourt
juge le modèle économique d’aujourd’hui « dépassé », mais il existe des solutions
: « Si demain on utilise toutes les ressources qu’on a déjà extraites, et qu’on a
la possibilité de prolonger la vie des produits ou des matières qui composent ces
produits pour les remettre dans le cycle de production en permanence », que parallèlement
on a la possibilité « de créer un modèles économique qui repose sur les énergies
renouvelables et non plus uniquement sur des énergies fossiles », alors on pourra
aller vers le progrès, explique la responsable des relations extérieures de la Fondation
Nicolas Hulot.
La société de consommation qui nous a conduit à l’utilisation
« éphémère » des ressources naturelles. Un téléphone portable a une durée de vie limitée.
Il est voué à être utilisé, avant d’être démoli. Or tous les produits peuvent être
recyclés si on anticipe l’idée d’une remise en circulation des matières qui composent
le produit, comme les précieuses terres rares qui se trouvent dans les téléphones
portables. « Il faut passer d’un modèle de gestion des déchets à un modèle de gestion
des ressources ».
Réduire notre consommation et innover
Le premier
pas à faire : voir où nous avons besoin d’énergie pour réaliser dans les pays occidentaux
des économies d’énergie et financière qui pourraient favoriser l’investissement dans
l’innovation dans les énergies renouvelables. « Créer de l’innovation autour du solaire
dans les pays du sud ne parait pas complètement stupide », relate Anne de Béthencourt.
« Ce sont des terrains d’expérimentation très importants. »
Certains, distinguant
croissance et développement, misent sur la décroissance pour venir en aide à la planète,
mais pas la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme : « Les sociétés humaines
ne sont pas faites pour décroître. L’être humain se lève le matin en voulant faire
plus que la veille ».
Photo : Décembre 2009. Vapeur et fumée s'échappent
d'une usine à Gelsenkirchen en Allemagne. Ville dont l'hitoire fut marquée par l'industrie
lourde (charbon, acier) et qui a décidé de participer activement à la transition
au solaire.