Pacem in Terris : cinquante ans et toujours actuelle
Pacem In Terris publiée il y a 50 ans, le 11 avril 1963, est aujourd’hui d’une grande
actualité. C’est ce qu’ont souhaité mettre en lumière jeudi matin les président et
secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix. Le cardinal Peter Turkson et Mgr
Mario Toso présentaient, en salle de presse du Saint-Siège, les trois journées célébrant
le cinquantenaire de l’encyclique du pape Jean XXIII qui se tiendront les 2-3 et 4
octobre prochain, à l’initiative du dicastère.
Au cours de cette rencontre
avec les journalistes, le cardinal Turkson, interpellé sur les violences dont sont
victimes les chrétiens, s’est exprimé en faveur d’une loi, à l’ONU, l’Organisation
des Nations Unies, contre la persécution des chrétiens. Il s’est également attardé
sur la force de cette encyclique, adressée à tous les hommes de bonne volonté, publiée
en pleine Guerre froide, sur sa vison prophétique et sur les nouvelles menaces qui
pèsent aujourd’hui sur la paix dans le monde. Hélène Destombes
La liberté
religieuse, en particulier la question des persécutions des chrétiens, la crise économique
qui est avant tout une crise morale, les conflits toujours plus nombreux pour l’accès
aux ressources naturelles, mais aussi l’armement : autant de défis qui représentent
aujourd’hui une menace pour la paix dans le monde. Tous seront débattus, lors des
trois journées commémorant le 50e anniversaire de Pacem in Terris. Un cinquantenaire
dans un contexte très diffèrent de celui de sa rédaction, marqué notamment par les
conflits au Proche-Orient et en particulier en Syrie. Mgr Toso, secrétaire du Conseil
pontifical Justice et Paix invite à relire l’encyclique qui appelle à un désarmement
des âmes, à l’instauration d’une confiance réciproque et surtout à la volonté de construire
un monde pacifique
« Cette idée de construction d’un monde pacifique peut
représenter une perspective et constituer un plan stratégique à long terme pour reconstruire
un Etat de type démocratique fondé sur la liberté, sur une cohabitation pluraliste
de différentes ethnies et religions »
Autre thème qui sera au centre des
trois jours de discussions et de débats : le travail comme bien fondamental notamment
pour réaliser la paix. Une réflexion sera menée sur « la justice sociale et les politiques
sociales » et sur le rôle des universités pontificales et catholiques vis-à-vis des
nouvelles générations de catholiques engagés en politique. Un rôle que le cardinal
Turkson a jugé capital.
Syrie et Iran
Répondant aux questions
des journalistes sur la crise syrienne, le président du Conseil pontifical Justice
et Paix a invité « à observer, à étudier les situations dans les pays du Proche-Orient
après la chute des dictateurs et notamment la situation des chrétiens ». Il appelle
également à vérifier ce que certains disent, à savoir qu’il existe « un mouvement
salafiste qui veut s’installer un peu partout avec l’appui de certains pays arabes
». « Ce mouvement semble mettre un peu d’huile sur le feu dans les tensions qui existent
déjà entre chiites et sunnites ». « Si cette hypothèse s’avère exacte, il faudrait
reconsidérer la situation non seulement d’un point de vue politique mais aussi d’un
point de vue religieux ».
Interrogé également sur les récentes déclarations
du nouveau président iranien Hassan Rohani et notamment concernant la condamnation
de l’Holocauste, le cardinal Turkson a estimé qu’il n’y avait pas de raison de douter
de la sincérité de ces propos. Déjà son élection, a-t-il souligné, a donné l’espoir
d’un « printemps dans les relations entre l’Iran et le reste du monde et surtout entre
l’Iran et les Etats-Unis » mais a-t-il précisé « il faut voir si les actions correspondront
aux paroles prononcées à l’ONU ».