C’est une édition particulière du “Parvis des Gentils” qui se déroulait ce mercredi
à Rome au Temple d’Hadrien. L’initiative, créée par Benoît XVI pour susciter un dialogue
entre croyants et non-croyants sur les thèmes de la foi, de la culture et de la société,
a voulu s’ouvrir au monde de l’information, avec un premier « Parvis des journalistes
», réunissant des grands noms de la presse italienne. Un évènement inauguré dans la
matinée par le Cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la
culture, et le fondateur du quotidien La Repubblica, Eugenio Scalfari. C’est à lui
que le 11 septembre dernier le Pape François a écrit la « Lettre à ceux qui ne croient
pas ».
La journée invitait ces protagonistes de l’information, croyants et
non-croyants, sur le thème « Société, communication et journalisme », « Liberté et
responsabilité dans l’information. Objectivité et vérité – vices et vertus » et «
Journalisme, culture et foi. Croire et communiquer ». Plusieurs moments forts de cette
édition: la discussion entre le Cardinal Ravasi et Eugenio Scalfari. Ensuite, la discussion
entre les principaux directeurs des quotidiens italiens : Ezio Mauro (La Repubblica),
Ferrucio de Bortoli (Corriere della Sera), Roberto Napoletano (Sole24Ore) et Mario
Calabresi (La Stampa). Enfin, un troisième échange entre Marcello Sorgi (ancien directeur
de La Stampa), Virman Cusenza (directeur du Messagero), Giovanni Maria Vian (directeur
de l’Osservatore Romano), Marco Tarquinio (directeur de l’Avvenire, quotidien de l'église
italienne) et Maarten van Aalderen (Président de la Presse Etrangère à Rome).
Jésus-Christ
a "utilisé le tweet avant tout le monde, avec des phrases essentielles et comprenant
moins de 45 caractères comme +Aimez-vous les uns les autres+", a déclaré le Cardinal
Ravasi, parlant de la communication dans l'Eglise. Il a aussi évoqué les paraboles
de Jésus, qui, à l'instar de "la télévision aujourd'hui transmettait un message en
passant par une histoire, un symbole". "Si un ecclésiastique, un pasteur ne s'intéresse
pas à la communication, il se place hors de son ministère", a résumé le cardinal.
De leur côté, les directeurs des principaux quotidiens de la péninsule italienne ont
livré leur définition de "l'objectivité" et de "la responsabilité" des journalistes.
"Replacer les événements dans leur contexte" pour Mario Calabresi , "ne pas penser
détenir la vérité et s'autoriser le bénéfice laïc du doute" pour Ferruccio de Bortoli,
"être honnête vis-à-vis du lecteur" et "donner du sens" pour Enzo Mauro. Roberto Napoletano
insistait sur la spécificité de l'Italie, "pays qui n'a jamais réussi à être laïc
en raison de la présence de l'Etat du Vatican". Pour Marco Tarquinio, le pape argentin
"a révolutionné les regards du monde vers l'Eglise". Notamment parce qu'"il se met
en jeu personnellement" et insiste sur "le rôle fondamental des femmes", a estimé
Giovanni Maria Vian. "Le pape François finira par révolutionner notre métier", a prédit
Virman Cusenza. (avec Afp)
(Photo: Eugenio Scalfari, à gauche, et
le Cardinal Gianfranco Ravasi)