Les Bretons ont retrouvé leur église à Rome : Saint-Yves des Bretons, rendue au culte
en mai dernier, a retrouvé une nouvelle jeunesse après plusieurs années de restauration.
Très endommagée par les ravages du temps, cette église, bâtie à la fin du XIXe sur
le site d’une précédente église du XVe siècle, démolie pour cause de vétusté, a bénéficié
d’une vaste mobilisation des pouvoirs publics français : d’une part, les Pieux établissements
français de Rome, qui gère les cinq églises française de la ville des papes, et d’autre
du conseil régional de Bretagne ainsi que de mécènes privés.
Cet engagement
a permis de rendre tout son lustre à un symbole de la présence bretonne remontant
au pape Nicolas V qui avait concédé au duché de Bretagne une église, un hôpital et
un hospice pour accueillir les pèlerins bretons. Retour sur cette restauration avec
Xavier Sartre
Une façade
discrète, deux blasons de Bretagne encadrant le portail d’entrée. Saint-Yves des Bretons
jouit d’une position privilégiée, au centre de Rome, non loin de Saint-Louis-des-Français
et de la place Navone. Elle fut reconstruite à la fin du XIXe siècle. Or une église
de cette période à Rome, c’est assez rare, d’où l’intérêt qu’elle représente du point
de vue artistique pour la restauratrice Maria Gabriella De Monte.
« Elle
a été entièrement décorée par le peintre Ludwig Seitz en 1881 qui a signé et daté.
Voir une église à Rome complètement décorée en style du XIXe siècle est rare. On a
plutôt des églises plus anciennes et donc avoir une église dans cet état de conservation
est assez rare. »
Si la décoration de l’église est relativement récente,
un peu plus d’un siècle, ce n’est pas pour autant que cela fut facile à restaurer.
« C’est plus simple de travailler sur les peintures a fresco, c’est-à-dire
les affreschi. Quand on a comme ici des peintures sur un enduit sec, c’est
plus difficile. On a des problèmes de conservation, de nettoyage, et c’est un peu
plus compliqué. Ce qui a rendu les opérations de restauration plus difficiles. »
Cette
restauration a été financée par les Pieux Etablissements de la France à Rome et à
Lorette, propriétaire de l’église mais aussi avec le soutien du conseil régional de
Bretagne qui depuis quelques années a décidé de venir en aide au patrimoine en Bretagne,
bien sûr, mais aussi au patrimoine breton se situant hors de la région, mais à certaines
conditions comme l’explique Maria Vadillo, vice-présidente chargée du tourisme et
du patrimoine.
« Une des conditions, quand on aide un bâtiment à l’extérieur,
c’est qu’il puisse y avoir un retour pour la Bretagne. Pour nous, le retour c’est
le rayonnement de la Bretagne, c’est le fait que les Bretons qui se déplacent puissent
trouver un accueil ici. L’autre condition était que ce bâtiment qu’on a aidé, ne reste
pas fermé puisqu’à ce moment-là, il ne serait pas valorisé. »
Contribuer
au rayonnement de la Bretagne dans le monde, c’est donc la raison pour laquelle la
région a mis la main à la poche à hauteur de 60 000 euros, soit le quart du budget.
Faire vivre l’église c’est aussi une condition requise, d’où ce projet encore dans
les cartons.
« Il y a des niches qui ne sont pas décorées et en lien avec
Mgr D’Ornellas, de l’archevêché de Rennes, il y a l’hypothèse de faire travailler
des artistes bretons sous forme d’appel à projet et là on pourrait les accompagner,
d’autant que le projet de restauration de Saint-Yves-des-Bretons a reçu pas mal de
donations, donc de mécénat, et nous, le conseil régional, nous donnons une prime
de 15 000 euros à ceux qui en plus, mobilisent un mécénat. Nous pourrons donc peut-être
nous investir via cette prime ».
Saint-Yves des Bretons retrouve donc
tout son lustre, mais surtout, sa vocation première : accueillir les pèlerins, en
premier lieu les Bretons, et servir d’écrin pour des messes en français assurées par
les prêtres de Saint-Louis-des-Français.