2013-09-23 15:59:08

François, le pape qui secoue les consciences


Six mois et demi après l’élection du premier pape sud-américain de l’histoire, plusieurs évènements, ces derniers jours, semblent marquer un tournant, inaugurant véritablement, en quelque sorte, le nouveau pontificat. Les nombreux gestes posés par le pape François et largement répercutés par les médias - refus de s’installer dans les appartements pontificaux, appels téléphoniques personnels, croix pectorale en argent - avaient déjà été perçus comme révolutionnaires, comme une rupture par rapport au pontificat de Benoît XVI.

Mais il s’agissait, au fond, d’une question de forme et de style, qu’on pouvait facilement rattacher aux origines argentines du nouveau pape. La publication, le 19 septembre d’une longue interview au directeur de la revue des Jésuites italiens, la Civiltà Cattolica, permet enfin d’éclairer plus en profondeur les choix majeurs du pape François ainsi que sa personnalité. Par ailleurs ses premiers gestes « politiques », au Vatican, avec le retour en force de la diplomatie aux postes-clés, en disent long également sur sa manière de concevoir la gouvernance de l’Eglise.

Et puis il y a eu Cagliari, dimanche, une visite qui s’annonçait comme émotionnelle, mariale, personnelle, en raison des liens entre le sanctuaire de Notre Dame de Bonaria, patronne de la Sardaigne et le nom de la ville natale du pape Bergoglio, Buenos Aires. Or, les prises de parole du pape François sur les questions sociales ont, en fait, précisé les priorités de son pontificat. Le pontife romain a secoué les consciences et les pouvoirs en place, appelé à la révolte pour libérer l’humanité de l’idolâtrie de l’argent et des inégalités sociales.

La crise actuelle - sans précédent –il l’a imputée à un système injuste et immoral, au capitalisme sauvage et à la globalisation. Mais au lieu de se livrer à une sombre analyse, il a incité à passer à l’action pour briser les idéologies dominantes, refuser l’individualisme qui tue la fraternité et la solidarité, se libérer des nouvelles formes d’esclavage, redonner la parole aux peuples. C’est la vraie révolution de ce pontificat qui se soucie peu d’énoncer la doctrine pour se consacrer à l’instauration d’une société plus évangélique.

Le pape venu de loin sait que l’Eglise est fatiguée et blessée par les scandales, que son influence est affaiblie par la sécularisation, que les principes qu’elle défend sont en contradiction avec les évolutions de la société moderne. Et il renverse les perspectives pastorales misant sur la miséricorde, le pardon et surtout la proximité avec les laissés-pour-compte, les derniers. Il n’entend pas changer les enseignements de l’Eglise mais la manière dont l’Eglise doit se positionner dans le monde actuel, en étant fraternelle et charitable avant de juger, en pardonnant pour reconstruire et libérer.

A Cagliari, dimanche, le pape François a ému ses auditeurs et convaincu ses détracteurs en priant Dieu de nous apprendre à lutter, et en invitant les chrétiens à être là où le monde a besoin d’eux, y compris en politique. Interrogé dimanche soir à Cagliari par la presse italienne, le Substitut de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Angelo Becciu, s’est inscrit en faux contre ceux qui trouvent jugent ce Pape populiste. François – a-t-il dit – dénonce les déformations d’un système fondé sur le profit et milite pour une société plus solidaire, dans la droite ligne de la doctrine sociale de l’Eglise.

Romilda Ferrauto








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