Le Pape : « Là où il n’y a pas de travail, il n’y a pas de dignité !»
Le pape François a présidé dimanche une rencontre émouvante et forte avec le monde
du travail, à Cagliari. Devant des ouvriers, des entrepreneurs et des chômeurs, le
pape a dénoncé avec force un système économique au centre duquel se trouve une idole,
qui s’appelle l’argent, responsable de la crise que connaît le monde. François
a d’abord écouté les témoignages souvent poignants d’un ouvrier au chômage, d’un entrepreneur
et d’un berger. Puis il a commencé à prononcer quelques phrases du discours préparé
pour l’occasion avant de faire part de son expérience personnelle de la souffrance
liée au manque de travail. Le pape a alors raconté l’expérience de ses parents qui
avaient tout perdu et comment il avait entendu parler de cette souffrance à la maison.
Le
monde est devenu idolâtre du Dieu de l’argent
Continuant à improviser,
le pape a ensuite établi un lien entre ses 2 premières visites pastorales en Italie,
sur 2 îles. Il a d’abord confié avoir vu à Lampedusa, au Sud de l’Italie, début juillet,
lors de sa rencontre avec les candidats à l’immigration qui débarquent sur le continent
européen, la souffrance de tant de gens qui cherchent pain, dignité et santé en risquant
leur vie. Cette fois-ci, au Sud de la Sardaigne, le pape François a souhaité dénoncer
avec force la souffrance provoquée par le manque de travail qui conduit à se sentir
sans dignité. « Là où il n’y a pas de travail, il n’y a pas de dignité ! », a alors
lancé le pape, salué par des applaudissements. Avec plus de force encore, le pape
a alors assuré que le chômage n’était pas seulement un problème de la Sardaigne, ni
de l’Italie ou de certains pays d’Europe, mais la conséquence d’un choix mondial,
d’un système économique qui conduit à cette tragédie. Et le souverain pontife de dénoncer
un système économique au centre duquel se trouve une idole, qui s’appelle l’argent. Dieu,
a expliqué aussitôt le pape, a voulu qu’il n’y ait pas une idole au centre du monde,
mais l’homme et la femme qui, avec leur travail, font avancer le monde. Le monde est
devenu idolâtre du Dieu de l’argent !, a encore insisté le pape François avant de
déplorer que ce soient l’argent qui commande.
Ne vous laissez pas voler
votre espérance !
Dans ce monde, a-t-il poursuivi, il n’y a pas de place
pour les personnes âgées qui subissent ainsi une euthanasie cachée, et pour les jeunes
qui tombent eux aussi, car ils ne trouvent pas de travail et de dignité. Le pape François
a dénoncé la culture du rejet qui écarte les jeunes comme les anciens. Courage,
a répété le pape François à plusieurs reprises en précisant cependant qu’il ne voulait
pas être comme un employé de l’Eglise qui propose une belle parole et puis s’en va.
Ne vous laissez pas voler votre espérance !, a-t-il encore demandé.
Prière
du pape pour le travail
Le pape a terminé son intervention par une prière
improvisée, dans un silence impressionnant, sous les yeux de nombreux ouvriers coiffés
d’un casque de chantier ou en tenue de travail. Il a conclu cette prière en demandant
au Seigneur d’aider les hommes à lutter pour le travail. En souriant, le pape François
a ensuite reconnu qu’il était largement sorti de son texte et a renoncé à lire le
discours dans lequel, déjà, il dénonçait le travail inhumain et qui rend esclave.
Dans ce texte, il assurait en outre que la crise actuelle n’était pas seulement économique
mais aussi éthique, spirituelle et humaine. Il expliquait enfin qu’à sa racine se
trouvait une trahison du bien commun, de la part des individus comme des groupes de
pouvoir.