La charité n'est pas une forme d'assistanat pour se donner bonne conscience
En début d’après-midi, dimanche, à l’occasion de sa visite en Sardaigne, le Saint-Père
s’est adressé aux nombreux pauvres et détenus pris en charge par la Caritas diocésaine.
Dans son ministère, l’ancien archevêque de Buenos Aires a toujours accordé une large
place aux plus démunis et aux laissés-pour-compte et plus spécialement aux prisonniers.
C’est, du reste, dans une prison pour mineurs, dans un geste sans précédent, qu’il
avait célébré la messe du Jeudi Saint quelques jours après son élection.
A
Cagliari, c’est dans la cathédrale que le pape François s’est adressé aux pauvres
et aux détenus pour leur rappeler que le Seigneur les aime et que tant de personnes
de bonne volonté les accompagnent par la prière et les actes ; mais aussi pour souligner
que la charité n’est pas une forme d’assistanat pour avoir la conscience tranquille,
mais un choix de vie ; que l’humilité du Christ n’est pas une idéologie ; que Jésus
n’est pas venu au monde pour se montrer, « pour faire un défilé », mais pour être
suivi, y compris dans les vicissitudes, la souffrance et dans les murs d’une prison.
L'Eglise doit collaborer avec les institutions dans le respect des compétences
de chacun
Charité oui, mais pas n’importe laquelle, toutefois : sortant
plusieurs fois de son texte et s'exprimant avec passion, le pape François a ainsi
relevé qu’on pouvait parfois rencontrer de l’arrogance, y compris dans le service
des pauvres ; que des personnes vont jusqu’à instrumentaliser les pauvres pour leurs
intérêts personnels ou de leur groupe, ou pour se mettre en avant. C’est un péché
– a-t-il lancé avec force – ces gens-là feraient mieux de rester chez eux. Relevant
par ailleurs que la société italienne en général et la Sardaigne en particulier, ont
besoin d’espérance, il a souligné que les responsables politiques et civils devaient
faire leur part mais qu’il fallait aussi les soutenir de manière active ; il s’est
dit favorable à ce que des catholiques s’engagent dans le champ politique qui, comme
le disait Paul VI est une forme élevée de la charité. Quant à l’Eglise, elle doit
s’investir dans des œuvres de solidarité, en s’efforçant de collaborer avec les institutions
publiques dans le respect des compétences de chacun. La force de la communauté chrétienne
est de faire grandir la société de l’intérieur comme un levain.