Six mois de pontificat : le bilan du père Lombardi
Dans une interview à Radio Vatican, le père Lombardi revient sur les six premiers
mois du pontificat de François. Comme le fait le pape dans ses homélies, le directeur
de la Salle de presse du Saint-Siège propose trois mots pour qualifier trois nouveautés
apportées par ce pontificat.
François. Il y a d’abord ce nom choisi
par le cardinal Bergoglio le jour de son élection et depuis, le Pape lui-même s’en
est expliqué : « François renvoie aux pauvres, à la paix et à la sauvegarde de la
Création ». Selon le père Lombardi, ces thèmes sont les fondements de ce nouveau pontificat
– au moins la question des pauvres et de la paix – et cela s’est vu particulièrement
ces dernières semaines avec « l’engagement courageux » du Pape pour la paix au Proche-Orient.
Deuxième
idée mise en exergue par le père Lombardi : la fin de l’eurocentrisme. Tous
les papes sont universels et « ont eu le monde entier à cœur », mais le choix d’un
Pape qui vienne d’un autre continent signifie quelque chose de « spécifique dans le
style »_ le rapport direct de François avec les gens, son langage simple et son rapport
à la pauvreté_ et pour le futur de l’Eglise ». Une ouverture d’horizon vécue de manière
« positive ». « C’était quelque chose de souhaiter par l’Eglise et par les cardinaux
», confirme le père Lombardi.
Enfin dernier mot clé : la Mission. Le
nouveau Pape insiste sur le fait que l’Eglise ne doit pas être autoréférentielle,
mais en mission. Avec François, « la barque de l’Eglise voyage avec détermination
vers le large, sans peur et même avec la joie de pouvoir rencontrer le mystère de
Dieu dans de nouveaux horizons », exactement ce que souhaitait Jean Paul II pour l’Eglise
du troisième millénaire dans sa lettre Duc in altum.
Transmettre aux
croyants et non-croyants l’amour de Dieu
Lors de ces six mois de pontificat,
avec son style propre, le pape a secoué les chrétiens et s’est rapproché les personnes
plus éloignées de l’Eglise. Son langage direct, son comportement et son style de vie
ont « touché en profondeur, suscitant intérêt et enthousiasme », mais le directeur
de la salle de presse du Saint-Siège « espère et crois » que si le pape touche les
cœurs, c’est parce que, conscient des blessures que peut ressentir l’homme croyant
ou non-croyant ( frustrations, marginalisation, pauvreté, injustice), il insiste énormément
sur la miséricorde et l’amour de Dieu, « toujours prêt à pardonner » et qui « aime
toutes les personnes humaines ». Pour le père Lombardi, c’est de cette vérité que
part en réalité le comportement et le style du pape.
Que réservent les
prochains mois de pontificat ?
Refusant de jouer au prophète, le père
Lombardi affirme que les thématiques autour du gouvernement de l’Eglise seront centrales.
Le pape consultera ses collaborateurs de la Curie, puis dès octobre les huit cardinaux
qu’il a nommé conseillers. Cela dit, précise le directeur de la Salle de presse, «
je ne voudrais pas qu’on surévalue ce qui touche aux réformes de structures (…) Ce
qui compte, c’est la réforme pérenne de la vie de l’Eglise » ; une église « qui chemine,
proche de l’humanité, en particulier de ceux qui souffrent et qui ont le plus besoin
de l’amour de Dieu ». Le père Lombardi tient en outre à souligner que le pape
n’est pas « une personne qui pense avoir en main une projection organisée de l’Histoire
», c’est une personnes « qui écoute le Saint Esprit et cherche à le suivre avec docilité
».
Deux papes au Vatican : le recette du succès ?
Il
y a six mois, pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, deux papes ont commencé
à vivre au Vatican et cette cohabitation se poursuit « très bien ». « Nous sommes
tous contents, à commencer par François, de la présence du pape émérite », explique
le père Lombardi. Benoît XVI s’est tenu à sa promesse de continuer à cheminer avec
l’Eglise mais dans la prière et non de manière opérative. « Même si nous ne le voyons
pas souvent, je crois que nous sentons tous la présence de son affection , de sa prière,
de sa sagesse et de son conseil (de Benoît XVI) qui est toujours à disposition de
son successeur. François entretient d’ailleurs un « rapport personnel » et « cordial
» avec Benoît XVI comme le montre ses visites, notamment avant et après les dernières
Journées mondiales de la Jeunesse à Rio.