2013-09-09 15:35:03

Rentrée au Liban : les enfants syriens plus nombreux que les élèves libanais


Il y aura bientôt un million d’enfants syriens réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. C’est l’estimation annoncée fin août par l’Unicef et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. La majorité d’entre eux se trouve au Liban. Ils seront même plus nombreux que les élèves libanais lors de cette rentrée des classes 2013. Une situation à laquelle les écoles publiques ne sont pas préparées.

Des ONG, comme Save the children s’organisent pour trouver des solutions. « Des groupes d’enfants pourraient aller à l’école le matin et d’autres l’après-midi. Le gouvernement libanais pourrait aussi utiliser des bâtiments abandonnés pour les transformer en écoles et il faudrait aussi prévoir des écoles accessibles car des familles syriennes s’installent dans des régions pauvres qui sont difficiles d’accès », explique Mona Monzer, la chargée de communication de Save the children à Beyrouth, au Liban.

Une rentrée scolaire complexe

Pour cette rentrée, les organisations humanitaires doivent faire face à de nombreux problèmes. Et leur soutien est donc plus qu’indispensable pour les autorités libanaises qui ont, depuis le début du conflit, toujours autorisé les enfants syriens réfugiés à s’inscrire dans les écoles publiques libanaises. Mais la scolarisation des jeunes syriens soulève d’autres difficultés, comme leur intégration dans les écoles et notamment leur adaptation au système scolaire libanais.

« Au Liban, on apprend même les sciences et les maths en Français ou en Anglais et pour eux c’est plutôt l’Arabe. Du coup les enfants doivent apprendre une nouvelle langue pour pouvoir suivre les cours. Comme les classes dans les écoles publiques sont submergées, l’enseignant n’arrive pas toujours à accorder une intention particulière aux enfants syriens. C’est pour cela que plusieurs ONG proposent des cours de rattrapage et des cours de soutien, pour qu’ils puissent réussir leur année », précise Mona Monzer.

L’école, un échappatoire

La chargée de communication de Save the children a rencontré plusieurs enfants et elle a été surprise « par leur envie d’aller à l’école ». L’école, indique t-elle, leur apporte beaucoup plus qu’une éducation : « Je pense que c’est aussi pour eux un échappatoire face à la situation dans laquelle ils vivent. Surtout au Liban, ils sont loin de leur pays, loin de leurs amis, ils vivent dans la pauvreté. J’ai l’impression qu’ils ont besoin d’être avec d’autres enfants de leur âge, pour se sentir un peu dans un environnement normal. Et les parents encouragent beaucoup leurs enfants à aller à l’école, parce qu’ils veulent que leurs enfants aient un futur meilleur.

Mais en même temps, il y a des familles qui sont tellement pauvres, qu’elles sont obligées de demander à leurs enfants de travailler pour pouvoir acheter de la nourriture ou encore pour payer le loyer ». Les organisations humanitaires essayent donc de sensibiliser les parents pour les encourager à envoyer leurs enfants à l’école et elles doivent aussi se rapprocher des enseignants qui peuvent être réticents à l’idée de s’occuper d’enfants syriens. « Parfois, les enseignants sont même violents verbalement ou physiquement. Ce qui ne veut pas dire que tout le système ne va pas bien.

Lutter contre la discrimination

Avec toute cette pression et tout ce qui se passe maintenant dans le pays, on sent qu’il y a beaucoup de stress. Du coup il y a de la discrimination vis-à-vis des enfants syriens et aussi entre les enfants eux-mêmes. D’où la nécessité de créer des comités de parents dans les écoles, pour discuter de ce problème et essayer de trouver des solutions », souligne Mona Monzer. Des solutions plus que nécessaires car comme elle a pu le constater, « cette discrimination les décourage d' aller à l’école ».

Pour elle, face à l’ampleur de ce problème, il faut que tout le monde, a commencé par la communauté internationale et surtout les bailleurs de fonds comprennent que l’éducation est essentielle à ce stade. « Sinon ces enfants vont se tourner vers d’autres activités, peut-être porter des armes, vendre de la drogue ou se prostituer, etc. Donc il y a vraiment un grand risque s’ils ne vont pas à l’école », avertit-elle.

Mona Monzer, chargée de communication pour Save the children, à Beyrouth au Liban, interrogée par Audrey Radondy RealAudioMP3

(Photo : fillette syrienne dans une classe en Jordanie)







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