Rentrée au Liban : les enfants syriens plus nombreux que les élèves libanais
Il y aura bientôt un million d’enfants syriens réfugiés dans les pays voisins de la
Syrie. C’est l’estimation annoncée fin août par l’Unicef et le Haut-commissariat des
Nations unies pour les réfugiés. La majorité d’entre eux se trouve au Liban. Ils seront
même plus nombreux que les élèves libanais lors de cette rentrée des classes 2013.
Une situation à laquelle les écoles publiques ne sont pas préparées.
Des ONG,
comme Save the children s’organisent pour trouver des solutions. « Des groupes d’enfants
pourraient aller à l’école le matin et d’autres l’après-midi. Le gouvernement libanais
pourrait aussi utiliser des bâtiments abandonnés pour les transformer en écoles et
il faudrait aussi prévoir des écoles accessibles car des familles syriennes s’installent
dans des régions pauvres qui sont difficiles d’accès », explique Mona Monzer, la chargée
de communication de Save the children à Beyrouth, au Liban.
Une rentrée
scolaire complexe
Pour cette rentrée, les organisations humanitaires doivent
faire face à de nombreux problèmes. Et leur soutien est donc plus qu’indispensable
pour les autorités libanaises qui ont, depuis le début du conflit, toujours autorisé
les enfants syriens réfugiés à s’inscrire dans les écoles publiques libanaises. Mais
la scolarisation des jeunes syriens soulève d’autres difficultés, comme leur intégration
dans les écoles et notamment leur adaptation au système scolaire libanais.
«
Au Liban, on apprend même les sciences et les maths en Français ou en Anglais et pour
eux c’est plutôt l’Arabe. Du coup les enfants doivent apprendre une nouvelle langue
pour pouvoir suivre les cours. Comme les classes dans les écoles publiques sont submergées,
l’enseignant n’arrive pas toujours à accorder une intention particulière aux enfants
syriens. C’est pour cela que plusieurs ONG proposent des cours de rattrapage et des
cours de soutien, pour qu’ils puissent réussir leur année », précise Mona Monzer.
L’école, un échappatoire
La chargée de communication de Save the
children a rencontré plusieurs enfants et elle a été surprise « par leur envie d’aller
à l’école ». L’école, indique t-elle, leur apporte beaucoup plus qu’une éducation
: « Je pense que c’est aussi pour eux un échappatoire face à la situation dans laquelle
ils vivent. Surtout au Liban, ils sont loin de leur pays, loin de leurs amis, ils
vivent dans la pauvreté. J’ai l’impression qu’ils ont besoin d’être avec d’autres
enfants de leur âge, pour se sentir un peu dans un environnement normal. Et les parents
encouragent beaucoup leurs enfants à aller à l’école, parce qu’ils veulent que leurs
enfants aient un futur meilleur.
Mais en même temps, il y a des familles qui
sont tellement pauvres, qu’elles sont obligées de demander à leurs enfants de travailler
pour pouvoir acheter de la nourriture ou encore pour payer le loyer ». Les organisations
humanitaires essayent donc de sensibiliser les parents pour les encourager à envoyer
leurs enfants à l’école et elles doivent aussi se rapprocher des enseignants qui peuvent
être réticents à l’idée de s’occuper d’enfants syriens. « Parfois, les enseignants
sont même violents verbalement ou physiquement. Ce qui ne veut pas dire que tout le
système ne va pas bien.
Lutter contre la discrimination
Avec
toute cette pression et tout ce qui se passe maintenant dans le pays, on sent qu’il
y a beaucoup de stress. Du coup il y a de la discrimination vis-à-vis des enfants
syriens et aussi entre les enfants eux-mêmes. D’où la nécessité de créer des comités
de parents dans les écoles, pour discuter de ce problème et essayer de trouver des
solutions », souligne Mona Monzer. Des solutions plus que nécessaires car comme elle
a pu le constater, « cette discrimination les décourage d' aller à l’école ».
Pour elle, face à l’ampleur de ce problème, il faut que tout le monde, a commencé
par la communauté internationale et surtout les bailleurs de fonds comprennent que
l’éducation est essentielle à ce stade. « Sinon ces enfants vont se tourner vers d’autres
activités, peut-être porter des armes, vendre de la drogue ou se prostituer, etc.
Donc il y a vraiment un grand risque s’ils ne vont pas à l’école », avertit-elle.
Mona Monzer, chargée de communication pour Save the children, à Beyrouth au
Liban, interrogée par Audrey Radondy
(Photo
: fillette syrienne dans une classe en Jordanie)