Economie, immigration et environnement : ce sont les principaux thèmes de campagne
des élections législatives fédérales en Australie qui ont lieu ce samedi 7 septembre.
Le Premier ministre Kevin Rudd défend les couleurs des travaillistes au pouvoir depuis
2007 et tente de limiter une défaite annoncée, si l’on se réfère aux derniers sondages.
Face à lui, la coalition libérale-nationale dirigée par Tony Abbott, espère bien reprendre
les rênes du pays.
Kevin Rudd, à la tête du gouvernement depuis le 26 juin
dernier, a retrouvé un poste dont il avait été évincé par son propre parti en 2010.
Remplacé par sa vice-Premier ministre Julia Gillard, cette dernière est également
mise en minorité. Ce passage de témoin entre les deux figures majeurs du Labor australien,
ne facilite pas les chances du parti de conserver le pouvoir.
Pourtant, l’Australie
ne connait pas la crise que supportent les autres pays occidentaux. Le taux de croissance
est largement positif, le taux de chômage est bas et l’endettement ferait pâlir d’envie
tous les pays européens. Malgré un bilan qui apparait à première vue positif, les
travaillistes ne sont donc pas en position de favoris et pourraient bien passer la
main aux libéraux-nationaux.
Les Australiens sont en effet principalement
préoccupés par les questions économiques comme nous le confirme Fabrice Argounès,
professeur de relations internationales et de géographie à l’université Paris XIII
:
« il y a le
sentiment que l’âge d’or de l’économie australienne qui a reposé sur le boom minier
soutenu par les exportations vers la Chine, est en train de se terminer », explique
Fabrice Argounès. Les deux candidats se sont donc logiquement emparé de ce thème et
ont axé leur campagne sur la prospérité future, arguant, comme l’a fait Kevin Rudd,
que l’Australie était « à la croisée des chemins ».
Les chiffres de l’économie
australienne, vus d’Europe font cependant envie : chômage à 5,7 % de la population
active (mais chiffre en augmentation constante depuis plusieurs années), croissance
du PIB de 2,5 % en 2013 (mais de 3 % en 2012), dette de l’Etat représentant 22 % du
PIB : malgré cela, les Australiens sont inquiets.
Les questions d’immigration
ont occupé le devant de la scène. Pays traditionnel d’immigration depuis deux siècles,
depuis sa fondation, l’Australie a mis en place une politique envers les réfugiés
plus restrictives que par le passé. Ce problème, qui parait mineur en comparaison
avec la situation en Europe, bénéficie d’une forte couverture de la part de « la presse
de Rupert Murdoch » explique le chercheur. Cet effet de loupe a mis en lumière ce
qui a été perçu par les Australiens comme des faiblesses dans leur politique migratoire.
La chute du Julia Gillard et son remplacement par Kevin Rudd s’explique notamment
par cela. « La nouveauté de l’été est que Kevin Rudd a présenté à la mi-juillet une
nouvelle loi sur les réfugiés qui interdisait leur installation sur le sol australien.
Ce qui était très dur en comparaison avec d’autres pays dans le monde. Cela a permis
aux travaillistes de concurrencer la coalition d’opposition », explique Fabrice Argounès.
Les questions environnementales ont été très présentes ces dernières années
dans les débats politiques en Australie. Rien d’étonnant dans la mesure où les travaillistes
comptent comme allié les écologistes. Ils n’auraient d’ailleurs pas pu gouverner sans
eux lors de la dernière législature (2010-2013).La « taxe carbone » mise en place
par Julia Gillard a contribué, comme le problème des réfugiés, à fragiliser les travaillistes.
C’est pourquoi, là aussi, Kevin Rudd a changé de cap et adouci la position de la gauche.
« Il a annoncé lors de sa première semaine au pouvoir, une baisse drastique de la
taxe carbone des deux-tiers, voire des trois-quarts. » L’opposition milite en faveur
de son abolition pure et simple pour aider les entreprises confrontées à un ralentissement
de la croissance dû à une baisse des exportations vers la Chine.
Malgré l’impulsion
donnée par Kevin Rudd à la tête du gouvernement depuis son retour aux affaires fin
juin, malgré un bilan global plutôt positif, le parti travailliste ne devrait pas
l’emporter. Mais les élections sont loin d’être gagnées et l’Australie pourrait se
retrouver dans la situation d’il y a trois ans quand aucun parti n’avait obtenu de
majorité absolue, contraignant les travaillistes à s’allier aux Verts.
Xavier
Sartre, avec agences
(Photo : Affiche de campagne du Premier ministre Kevin
Rudd)