2013-09-04 13:04:53

Sommet d’Amman : Fouad Twal espère toucher la rue arabe sur le sort des chrétiens


Entretien - C’est une première pour les chrétiens du Proche-Orient. Une grande réunion réunissant pas moins de 70 patriarches, délégués patriarcaux, évêques, prêtres et autres responsables des communautés chrétiennes de la région sont réunis mardi et mercredi à Amman, la capitale de la Jordanie à l’initiative du roi Abdallah II.

Voulu par le souverain jordanien, ce sommet intitulé « les défis des chrétiens arabes », permet à l’ensemble des représentants des diverses communautés chrétiennes de tous les pays de la région, de s’exprimer et de bénéficier d’une tribune médiatique sans précédent dans le monde arabe en cette période particulièrement troublée. Parmi les personnalités présentes, le cardinal Tauran, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, représentant le Saint-Siège, S.B. Théophilos III, le patriarche orthodoxe de Jérusalem, le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche, Yohanna X al-Yazigi, ainsi que S.B. Fouad Twal, le patriarche latin de Jérusalem, joint par Xavier Sartre RealAudioMP3

S.B. Fouad Twal est reconnaissant au roi Abdallah et à son frère, le prince Ghazi, conseiller pour les affaires religieuses et les droits culturels, d’avoir invité les chrétiens à venir à Amman. « Le roi de Jordanie et la famille hachémite ont le titre de custode des Lieux Saints musulmans et des Lieux chrétiens du patriarcat grec-orthodoxe » rappelle le patriarche latin de Jérusalem. « Nous avons tellement besoin de cela : nous sommes dans un moment critique, nous vivons dans l’angoisse. L’appel du roi Abdallah est complétement en notre faveur ».

« Le roi de Jordanie est de notre côté, il n’y a aucun danger. Nous tous, les patriarches, nous avons eu le courage de parler de tous les défis, de parler de modifier la constitution des pays arabes qui dit que la charia et le Coran en sont à l’origine, de demander des amendements pour que les chrétiens se sentent chez eux, se sentent citoyens comme tous les autres, avec tous les devoirs et les droits inhérents, d’obtenir l’accès aux grands médias comme chrétiens comme les autres, ce qui ne leur est pas donné au Proche-Orient. »

Le courage d’exprimer les problèmes publiquement

S.B. Fouad Twal reconnait que les participants ont ainsi eu « le courage de dire les choses que nous avons tenu dans notre cœur pendant tant d’années, sans avoir eu le courage de le dire en public ». « J’espère maintenant que cela va passer dans les médias, que cela va arriver dans les écoles ».

Les chefs des Eglises d’Orient ont ainsi exprimé au grand jour leurs inquiétudes et leurs espoirs. Si, comme le rappelle S.B. Fouad Twal, les chrétiens réussissent à trouver l’oreille des responsables musulmans, reste à toucher la base., « la rue, l’opinion publique ». « Ça demande toute une éducation, un programme dans les écoles, une collaboration entre les églises et les mosquées, mais ce n’est pas si facile », reconnait S.B. Fouad Twal, par ailleurs lucide sur les difficultés que rencontre les chrétiens d’Orient en ce moment dans nombre de pays de la région. « Nous manquons de justice et de paix ».

Le roi de Jordanie a évoqué cette rencontre avec le pape François lors de sa visite au Vatican le 29 août. Quelques jours plus tard, le Pape lançait un appel fort en faveur de la paix en Syrie et dans l’ensemble du Proche-Orient et annonçait l’organisation d’une veillée de prière samedi 6 septembre au Vatican. Cette intervention du Pape, souhaitée depuis longtemps par les chrétiens proche-orientaux est évidemment bien accueillie par S.B. Fouad Twal. Il précise toutefois que les chrétiens de la région se sont mis à prier « depuis longtemps parce que nous voyons de la part des hommes qu’il y a peu d’espoir et nous croyons toujours au pouvoir de la prière. Nous prions avant, pendant et après l’appel » du Pape.


(Photo : S.B Fouad Twal avec le pape François lors d'une audience au Vatican)







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