Le prêtre roumain Vladimir Ghika, mort dans les geôles communistes en 1954, a été
béatifié le 31 août 2013 à Bucarest (Roumanie). Retour sur l’histoire singulière de
ce prêtre, descendant princier, diplomate, militant de l'œcuménisme et infatigable
soutien aux déshérités.
Voyageur et diplomate du Vatican
Il avait
80 ans. Né à Constantinople dans une famille princière orthodoxe, il a fait ses études
en France, où il s'est converti au catholicisme romain. Il a été ordonné prêtre à
Paris en 1923, à l'âge de 50 ans. Il appartenait à la dynastie des princes Ghica,
qui régnèrent sur la Moldavie et la Valachie du XVIIe au XIXe siècle. Le pape lui
accorda l'autorisation de célébrer la messe selon les deux rites, romain et byzantin.
En ce sens, l'abbé Ghika se situait à la croisée des mondes oriental et latin, en
précurseur d'un œcuménisme moderne. Grand voyageur, diplomate du Vatican, il parcourt
le monde, fondant notamment le premier dispensaire gratuit en Roumanie. Il sera également
reçu par l'empereur du Japon. Le pape Pie XI l'appelait le "grand vagabond apostolique".
Une
béatification qui se veut un signe de paix
Il se lie d'amitié avec l'écrivain
Paul Claudel et s'installe en 1927 dans une baraque de fortune à Villejuif, dans la
banlieue parisienne, pour créer un petit dispensaire. Quand éclate la Seconde guerre
mondiale, il est en Roumanie pour fonder une léproserie. Il y restera pendant la durée
de la guerre et jusqu'à son arrestation après la guerre. "À l’époque, si on ouvrait
un hospice catholique, il était réservé aux catholiques. Mais l’hôpital de Mgr Ghika,
lui, était ouvert à tous. Toute sa vie, il a cherché à unir amour de Dieu et amour
du prochain", souligne Monica Brosteanu, l’une des rédactrices de la positio, l’enquête
qui a mené à la béatification du prêtre, peut-on lire sur le site "L'œuvre d'Orient".Arrêté
et torturé, il s'éteint, veillé par un juif, un musulman et un orthodoxe. Il a essayé
jusqu'à son dernier souffle de réunir les Eglises. Sa béatification doit être vue,
selon l'Eglise catholique romaine, comme un signe de paix et de réconciliation. 8'000
personnes ont assisté à la cérémonie à Bucarest, dont de nombreux prélats français
qui avaient fait le déplacement. Son procès en béatificati