Le Pape François décrète le 7 septembre, jour de jeûne et de prière pour la paix en
Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde
"Que le cri de la paix s'élève avec force pour un monde de paix. Plus jamais la guerre",
c'est l'appel lancé ce midi lors de l'Angélus Place Saint-Pierre par le Pape François
qui a confié toute sa douleur face aux évènements en cours en Syrie. Le Pape a décidé
que le 7 septembre prochain, veille de la Fête de la naissance de la Vierge Marie,
serait pour l'Eglise une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Proche-Orient
et dans le monde. Le Pape a aussi invité les autres confessions chrétiennes à se joindre
à cette journée, et les autres religions à s'y unir par des initiatives de leur choix.
Le 7 septembre, le Pape François a invité les fidèles à le rejoindre Place Saint-Pierre
pour une veillée de prière de 19 heures jusqu'à minuit. Le président américain, Barack
Obama, déterminé à agir contre le régime syrien, a finalement écarté une intervention
à court terme, préférant consulter le Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre.
"Le
dialogue est la seule voie pour la paix. Que tous déposent les armes et se laissent
guider par la voix de leur propre conscience pour ne pas se replier sur leurs propres
intérêts, mais pour entreprendre avec courage le chemin de la discussion et de la
négociation", a déclaré le Pape dans ce très fort appel pour éviter que l'on ajoute
la guerre à la guerre. "Mon coeur, a-t-il dit, est profondément blessé par ce qui
se passe en Syrie et angoissé par les développement dramatiques qui se profilent.
" Le Pape a également condamné avec fermeté l'utilisation des armes chimiques, se
disant atterré par les images qu'il a vu ces jours derniers. Il a mis en garde les
hommes devant le “jugement de Dieu“.
Le compte-rendu de Bernard Decottignies
Texte
intégral du Pape en français :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Chers
frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de
toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique
grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la
paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde de paix, nous voulons
être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée
par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus
jamais la guerre ! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et
préservé. Je vis avec une particulière souffrance et préoccupation les
nombreuses situations de conflit qu’il y a sur notre terre, mais, ces jours-ci, mon
cœur est profondément blessé par ce qui se passe en Syrie et angoissé par les développements
dramatiques qui s’annoncent. J’adresse un appel fort pour la paix, un appel
qui naît du plus profond de moi-même ! Que de souffrance, que de destruction, que
de douleur a provoqué et provoque l’usage des armes dans ce Pays affligé, particulièrement
parmi les populations civiles et sans défense ! Pensons : Que d’enfants ne pourront
pas voir la lumière de l’avenir ! Avec une fermeté particulière je condamne l’usage
des armes chimiques ! Je vous dis que j’ai encore fixées dans mon esprit et dans mon
cœur les terribles images de ces derniers jours ! Sur nos actions il y a un jugement
de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut pas échapper ! Ce
n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre,
la violence appelle la violence ! De toutes mes forces, je demande aux
parties en conflit d’écouter la voix de leur conscience, de ne pas s’enfermer dans
leurs propres intérêts, mais de regarder l’autre comme un frère et d’entreprendre
courageusement et résolument le chemin de la rencontre et de la négociation, en dépassant
les oppositions aveugles. Avec la même fermeté, j’exhorte aussi la Communauté internationale
à fournir tout effort pour promouvoir, sans délai ultérieur, des initiatives claires
fondées sur le dialogue et la négociation pour la paix dans cette Nation, pour le
bien de tout le peuple syrien. Qu’aucun effort ne soit épargné pour garantir
une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par ce terrible conflit, particulièrement
aux réfugiés dans ce Pays et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Que soit
garantie aux agents humanitaires engagés à alléger les souffrances de la population,
la possibilité de prêter l’aide nécessaire. Que pouvons-nous faire pour
la paix dans le monde ? Comme le disait le Pape Jean XXIII : À tous incombe la tâche
de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la justice et de l’amour
(cf. Pacem in terris [11 avril 1963] : AAS (1963], pp. 301-302]. Qu’une
chaîne d’engagement pour la paix unisse tous les hommes et toutes les femmes de bonne
volonté ! C’est une forte et pressante invitation que j’adresse à toute l’Église catholique,
mais que j’étends à tous les chrétiens d’autres Confessions, aux hommes et aux femmes
de chaque Religion, ainsi qu’à ces frères et sœurs qui ne croient pas : la paix est
un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité. Je
le répète à haute voix : ce n’est pas la culture de l’affrontement, la culture du
conflit qui construit la vie collective dans un peuple et entre les peuples, mais
celle-ci : la culture de la rencontre, la culture du dialogue : c’est l’unique voie
pour la paix. Que le cri de la paix s’élève pour arriver au cœur de tous
et que tous déposent les armes et se laissent guider par le souffle de la paix. Voilà
pourquoi, frères et sœurs, j’ai décidé d’organiser pour toute l’Église, le 7 septembre
prochain, veille de la célébration de la Nativité de Marie, Reine de la Paix, une
journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde
entier, et j’invite aussi à s’unir à cette initiative, par la manière qu’ils retiendront
la plus opportune, les frères chrétiens non catholiques, les adeptes des autres religions,
ainsi que les hommes de bonne volonté. Le 7 septembre, sur la Place Saint-Pierre
– ici – de 19h00 à 24h00, nous nous réunirons en prière et dans un esprit de pénitence
pour invoquer de Dieu ce grand don pour la bien-aimée Nation syrienne et pour toutes
les situations de conflit et de violence dans le monde. L’humanité a besoin de voir
des gestes de paix et d’entendre des paroles d’espérance et de paix ! Je demande à
toutes les Églises particulières qui, outre le fait de vivre cette journée de jeûne,
d’organiser des actions liturgiques à cette intention. À Marie, nous demandons
de nous aider à répondre à la violence, au conflit et à la guerre, par la force du
dialogue, de la réconciliation et de l’amour. Elle est mère : qu’elle nous aide à
retrouver la paix ; nous sommes tous ses enfants ! Aide-nous, Marie, à dépasser ce
moment difficile et à nous engager à construire chaque jour et dans tous les domaines
une culture authentique de la rencontre et de la paix. Marie, Reine de la paix, prie
pour nous !