Tortures dans des camps nord-coréens, l'ONU enquête
En Corée du Nord, l’ONU enquête sur l’horreur dans des camps de travaux forcés. Des
experts des Nations unies sont depuis le mardi 20 août et jusqu’au samedi 24 août,
dans le pays. Ils auditionnent pour la première fois, des évadés de ces camps, où
des violations des droits de l’homme seraient pratiquées, en toute impunité.
De
son côté, le gouvernement nord-coréen nie en bloc l’existence même de ces camps et
refuse de reconnaître la compétence des experts onusiens.
L’ONG Human Rights
Watch a rencontré des survivants qui sont arrivés à s’échapper. Juliette de Rivero
directrice de Human Rights Watch à Genève nous raconte ce qu’ils ont vécu.
"Le pays
est tellement un pays fermé, que pour obtenir des informations on doit attendre que
des personnes puissent s’échapper de la Corée du Nord. On sait aujourd’hui que de
graves tortures ont lieu dans ces camps : il y a du travail forcé, les gens sont affamés,
ils n’ont pas les ressources basiques pour survivre. Aujourd’hui, on estime qu’il
y a dans ces camps environ 150.000 personnes qui vivent dans des conditions inhumaines,
qui vivent vraiment dans des camps de concentration du style de ceux qu’on a connu
pendant la Seconde Guerre mondiale en Europe".
Qu'est-ce qu'ils vous
ont raconté ?
"Ils disent
souvent qu’ils ont été traité pire que des animaux. Évidemment, il n’y a pas de droits
individuels dans ces camps. Les personnes peuvent être en couple mais sous l’autorité
des gardes de prison. C’est vraiment une vie d’esclavage, de travaux forcés pour l’État
nord-coréen et puis toutes les personnes qui se trouvent dans ces camps ne savent
pas les crimes qu’elles ont commis. Elles se retrouvent dans les camps sans avoir
été condamnées par une Cour de justice ou sans avoir bénéficié d’une procédure judiciaire".
Face
à ces accusations, quelle est l'attitude de Pyongyang ?
"Malheureusement
le gouvernement de la Corée du Nord a toujours rejeté ces allégations. Il nie que
ces violations ont eu lieu et c’est pourquoi c’est important qu’aujourd’hui les Nations
unies enquêtent sur la situation dans le pays, à travers les témoignages des rescapés
et des quelques images satellites qui sont la preuve de l’existence de ces centres
de détention et puis il faut dire que les violations de droits de l’homme ont lieu
aussi au-delà des camps. Au quotidien, chaque Nord-coréens n’a pas la liberté de s’exprimer
librement, ils n’ont pas de liberté de circulation et souffrent d’une discrimination
au quotidien".
Est-ce que l'enquête des Nations unies pourra changer
quelque chose à cette situation ?
"Pour nous
il est très important que cette enquête soit réalisée par les Nations unies. Jusqu’à
maintenant l’intention en ce qui concerne la Corée du Nord a toujours été portée sur
le nucléaire. Et il faut dire que le situation des droits de l’homme en Corée du Nord
est parmi les pires au monde, si ce n’est pas la pire. Et donc, la communauté internationale
doit écouter les témoignages des victimes, recenser les violations qui ont été commises
et vérifier ces violations parce que nous croyons que ces violations constituent des
crimes contre l’humanité et justement ce panel des Nations unies va pouvoir faire
cette évaluation".
Qu'est-ce qui pourrait concrètement faire changer
les choses ?
"Pour l’instant
les Nations unies au niveau du Conseil de sécurité par exemple, ont toujours émis
des condamnations qui portent uniquement sur la question du nucléaire. Donc nous espérons
qu’au niveau le plus haut des Nations unies, la situation des droits de l’homme en
Corée du Nord sera prise en charge. Mais au-delà de ça, il faut vraiment mettre la
pression sur les dirigeants nord-coréens, leur montré qu’on connaît la réalité à l’intérieur
du pays, même s’ils essayent de cacher cette réalité. Et puis aussi de faire pression
sur les pays voisins de la Corée du Nord, parce qu’aujourd’hui encore, on renvoit
beaucoup de Nord-coréens et on ne leur donne pas la protection qu’ils méritent lorsqu’ils
arrivent à s’échapper du pays. Donc je pense que cette enquête va vraiment montrer
la dimension des violations et la nécessité de protéger les Nord-coréens quand ils
sortent du pays et qu’ils arrivent à trouver un refuge ailleurs".
(avec
agences)
(Photo : Un survivant des camps de travaux forcés nord-coréens
devant les membres de la commission onusienne, réunie à Séoul en Corée du Sud)