Revers judiciaire pour l'Eglise catholique malaisienne
En Malaisie, l’Eglise catholique a perdu une manche dans la bataille judiciaire sur
l’utilisation du mot Allah. Jeudi 22 août, la Cour d’appel a validé le recours du
gouvernement malaisien contre un jugement de 2009 autorisant les non-musulmans à utiliser,
dans leurs écrits, le terme arabe « Allah » pour désigner Dieu. Ce faisant, les juges
de la Cour d’appel, qui avaient été saisis par Mgr Murphy Pakiam, archevêque catholique
de Kuala Lumpur, ont ouvert la voie à un jugement sur le fond, en dernière instance,
de cette affaire qui dure depuis de longues années.
Le jugement en dernière
instance ayant été fixé au 10 septembre prochain, l’archevêque de Kuala Lumpur et
les responsables de l’hebdomadaire du diocèse, Herald-The Catholic Weekly, avaient
saisi les juges de la Cour d’appel en invoquant le fait qu’une décision du Premier
ministre Najib Razak en date du 11 avril 2011 autorisait l’importation de bibles en
malaisien faisant usage du mot ‘Allah’ pour dire le Dieu des chrétiens et vidait donc
de sa substance l’appel interjeté par le gouvernement.
La justice, en dernier
appel, doit se prononcer
Selon les trois juges de la Cour d’appel, qui
se sont prononcés à l’unanimité, la décision du 11 avril 2011 ne peut être prise en
compte dans l’affaire qui oppose le gouvernement à l’archidiocèse de Kuala Lumpur,
celle-ci étant postérieure au jugement rendu le 31 décembre 2009 sur lequel porte
l’appel interjeté par le gouvernement. Autrement dit, a précisé le juge Abu Samah,
président de la Cour d’appel, la controverse sur l’utilisation du mot ‘Allah’ par
les chrétiens n’a pas été « résolue » et la justice en dernier appel est donc fondée
à se prononcer. Dans ses attendus, le juge Abu Samah est allé plus loin en dénonçant
la procédure diligentée par Mgr Pakiam devant la Cour d’appel, estimant qu’elle visait
à priver l’une des parties en présence, le gouvernement en l’occurrence, de « son
droit à faire appel ».
L'Eglise catholique se défend de créer une affaire
nationale
Mgr Pakiam n’a pas encore réagi publiquement à ce revers pour
l’Eglise dans son long combat judiciaire pour voir reconnu le droit des chrétiens
à user du mot ‘Allah’ dans leurs publications. Mais le P. Lawrence Andrew, directeur
de la publication du Herald, n’a pour sa part pas caché sa « déception » face à la
décision de justice, tout en ajoutant que l’Eglise « l’acceptait » et se montrait
confiante dans la capacité des juges à dire le droit le 10 septembre prochain. Le
prêtre a aussi précisé que l’Eglise n’avait jamais cherché à faire de ce cas une affaire
nationale. « Elle concerne l’utilisation du mot ‘Allah’ dans les colonnes en langue
malaise de mon journal, mais n’a rien à voir avec Allah, a-t-il déclaré. Cette affaire
a pris une ampleur inconsidérée et nous souhaiterions que la politique reste en dehors
de tout cela. »(Eglises d'Asie)