Constitution pacifiste du Japon : « un trésor » selon l’Eglise
Le prix de la guerre, les Japonais le connaissent. Au début du mois d’août, ils ont
commémoré les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. L’explosion de ces
bombes atomiques précipitèrent la défaite du Japon lors de la Seconde guerre mondiale.
Les Etats-Unis, vainqueurs du conflit, imposèrent alors au pays qu’ils occupaient,
une constitution pacifique.
L’article 9 de ce texte interdit au pays de recourir
à la guerre comme moyen de règlement des conflits. L’archevêque de Tokyo, Mgr Okada,
a souligné récemment que cet article est un « trésor dont le Japon peut être fier
», insistant sur le fait que les Japonais ont « la responsabilité la plus aigüe de
protéger et de promouvoir » ce texte de loi. Cette intervention du président de la
conférence épiscopale japonaise n’est pas que le simple rappel d’une évidence. Elle
vise à défendre le pacifisme du Japon face à un « mouvement qui prend de l’ampleur
et vise à assouplir les règles ouvrant la voie à une révision de la Constitution ».
Refonte complète de la constitution
« Le Japon n’a tué
personne du fait de la guerre et aucun Japonais n’a été tué du fait de la guerre ».
C’est pour perpétuer cela que Mgr Okada a pris la plume pour défendre le caractère
pacifique de la constitution. La récente montée des tensions en Asie autour principalement
de la Corée du Nord et des îles Shenkaku ont relancé le débat autour de cet article
9 qui empêche l’archipel de mener toute guerre et le place de fait sous la protection
militaire des Etats-Unis depuis 1945.
Au sein du parti libéral-démocrate,
revenu aux affaires fin 2012, la tentation d’effacer cet article est grande depuis
longtemps. La volonté du Premier ministre Shinzo Abe de modifier le mode de révision
de la constitution en le simplifiant est perçu comme le premier pas vers une suppression
du pacifisme officiel.
Une chose impensable pour l’Eglise catholique du pays
qui veut préserver ce « trésor ». Cette réforme ne serait par ailleurs qu’un des volets
d’une refonte complète de la loi fondamentale. Le rapport entre l’Etat et les cultes,
l’enseignement du patriotisme, les droits fondamentaux des citoyens seraient également
modifiés. Autant de sujets délicats sur lesquels l’Eglise entend rester vigilante
et faire entendre sa voix. Car le Japon, de par son histoire demeure à bien des égards
un exemple des horreurs de la guerre et de la nécessité de maintenir la paix au prix
du dialogue comme le rappelle souvent le Pape.