Le secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine déplore la tentation
largement répandue de comparer sans cesse le pape François et son prédécesseur Benoît
XVI. Guzmàn Carriquiry constate qu’après le Chemin de Croix enduré par Benoît XVI,
on assiste à une explosion de joie inattendue qui pourrait ramener au bercail de nombreux
catholiques qui s’étaient éloignés de l’Eglise. Mais il fustige aussi bien les nostalgiques
du pontificat précédent que ceux qui exaltent le pape actuel pour dénigrer Benoît
XVI.
Selon lui, la Providence choisit les hommes dont l’Eglise a besoin à
tel moment précis de son histoire. Il est convaincu que Benoît XVI est heureux que
son successeur bouscule l’apparat et la pompe vaticane. Interrogé à propos de la réforme
de la Curie, le secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine affirme
que le pape François est en train de faire ce que l’évêque émérite aurait voulu mais
n’a pas pu faire.
L'obsession de la comparaison
Guzmàn Carriquiry,
qui s’exprimait à l’occasion du Meeting pour l’Amitié entre les Peuples à Rimini,
a indiqué que lors de leur réunion au mois d’octobre, le pape François et les huit
cardinaux conseillers allaient plancher sur un épais dossier. On a tort – affirme-t-il
par ailleurs – de voir un certain paupérisme idéologique dans les méthodes du pape
François. Pour agir comme il le fait, nul besoin de la théologie de la libération.
L’Evangile suffit.
A propos du débat sur les réformes à venir, le préfet de
la Congrégation pour les évêques a tenu, pour sa part, à souligner que la première
grande réforme c’est Benoît XVI qui l’a accomplie en renonçant à sa charge, en toute
liberté. Dans une interview au Figaro, à l’occasion de sa visite au sanctuaire français
de Rocamadour, où il a présidé la messe de l’Assomption, le cardinal Marc Ouellet
a confirmé qu’il y aurait des réformes importantes : le moment est venu d’apporter
quelques changements à la structure actuelle de la Curie. On est dans l’expectative
– affirme-t-il.
Réformer sans traumatiser
Selon lui, la tâche
est plus facile pour un pape qui vient de loin et qui est plus libre d’agir. Cela
dit, les propositions qui seront faites par le conseil des huit cardinaux conseillers
devront être vérifiées auprès de ceux qui travaillent quotidiennement au sein de la
Curie et qui en connaissent les rouages et l’historique. Le cardinal Ouellet estime
que le pape François est une grande bénédiction pour l’Eglise qui avait besoin d’un
pasteur vraiment proche de son peuple.
Certes, son style peut parfois créer
des incompréhensions. Par exemple, son absence au concert du mois de juin. Le préfet
de la Congrégation pour les évêques rappelle que tous les nonces étaient à Rome à
ce moment-là, et qu’il était important de les rencontrer. C’est un pape qui ne fait
pas les choses à moitié – commente-t-il - C’est un jésuite qui pratique le discernement
spirituel.
Prudence donc, c’est l’attitude adoptée par le pape François ;
le pape François qui, selon certains observateurs, semble vouloir éviter tout traumatisme
ou d’avoir l’air de désavouer son prédécesseur. Un pape qui prend des précautions
au risque de décevoir certains de ses grands électeurs. Fin juillet, le cardinal Timothy
Dolan avait manifesté une certaine impatience. L’archevêque de New York a dit espérer
qu’après la pause estivale il y aurait enfin des changements concrets au niveau de
la gestion.
(Photo : Accolade fraternelle et chaleureuse entre le pape
François et le pape émérite Benoît XVI le 5 juillet dernier, à l'occasion de la consécration
du Vatican à St Michel-Archange, dans les jardins du Vatican)