« Nous devons convaincre les personnes de différentes religions à dissiper leurs peurs
et à instaurer des rapports d’amitié et de collaboration, en contribuant à construire
un climat de confiance » : c’est l’appel contenu dans un communiqué publié au terme
d’une récente rencontre entre représentants chrétiens et musulmans de diverses communautés
et associations nigérianes, réunion qui a permis de discuter de la situation qui prévaut
dans l’Etat du Plateau et de trouver des solutions à la tension qui persiste dans
cette région où s’affrontent depuis des années différents groupes armés d’agriculteurs
(de religion chrétienne), majoritaires dans le Plateau, et d’éleveurs de religion
musulmane.
Reconstruire ensemble les lieux de culte détruits
La
réunion a eu lieu au Centre de dialogue, de réconciliation et de paix de Rayfield,
à Jos. Les chefs religieux chrétiens et musulmans de l'Etat du Plateau, au centre
du Nigeria, ont appelé à une mobilisation de leurs fidèles pour reconstruire ensemble
les églises et mosquées de leur région, détruites dans des attaques ou des émeutes.
Ils ont aussi demandé aux autorités de l’Etat de garantir des élections politiques
libres et équitables. "Nous avons décidé d'être à la pointe de la lutte contre la
polarisation et la division des deux communautés, divisées par des clivages ethniques
et religieux", ont déclaré les deux dirigeants religieux.
D'autres sujets liés
à la poursuite du dialogue et de la réconciliation entre chrétiens et musulmans ont
également été évoqués. A cet égard, les leaders chrétiens et musulmans se sont engagés
à éduquer leurs disciples respectifs sur la nécessité d'une coexistence pacifique.
"Nous avons décidé d'aller à la base pour rééduquer et donner une bonne orientation
à nos jeunes, sur le devoir de vivre ensemble, de s'accepter mutuellement et sans
condition".
L’archevêque de Jos, la capitale de l'Etat du Plateau, Mgr Ignatius
Kaigama, et l’imam de la mosquée centrale de la ville, le cheikh Balarabe Daoud, ont
souligné la nécessité pour les populations de revenir à l'époque où musulmans et chrétiens
vivaient ensemble, pas dans des communautés séparées, comme c’est le cas depuis que
les conflits intercommunautaires ont commencé, il y un peu plus d'une décennie.
Le
beau travail de la Fellowship of Churches of Christ
Depuis pas mal de temps,
au Nigéria, diverses organisations chrétiennes travaillent énormément pour favoriser
le dialogue. Parmi elles, la Fellowship of Churches of Christ in Nigeria, une organisation
qui regroupe treize communautés de différentes appellations chrétiennes, toutes membres
du Conseil mondial des Eglises, très présentes dans les régions du centre et du nord
du pays, théâtre de violentes attaques de la part de groupes extrémistes qui fomentent
la haine entre les diverses communautés. L’organisation promeut surtout des projets
d’entreprises pour donner la possibilité aux jeunes de travailler, dans le cadre du
« peace desk », un organisme de consultation et de collaboration entre les communautés
chrétienne et musulmane.
Sur la situation générale du pays, l’archevêque de
Lagos, Mgr Alfred Adewale Martins, est également intervenu en souhaitant surtout l’unité
du pays. « Il est nécessaire, a-t-il souligné, que nous ayons tous un sens d’appartenance
à cette nation ». Il a également parlé des disparités sociales et économiques entre
classes sociales, en épinglant les salaires élevés des fonctionnaires de l’Etat. Sur
le thème de la pauvreté, Mgr Martins a voulu rappeler l’appel du Pape sur la nécessité
d’aimer les pauvres et d’aider les personnes démunies. L’archevêque de Lagos a aussi
rappelé l’importance du mariage et de la famille. Il faut savoir que dans le pays,
des projets de loi tentent d’introduire le mariage des mineurs et entre personnes
du même sexe.