Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 25
août, 21ème dimanche du temps ordinaire. Evangile selon SaintLuc 13, 22 -
30 : " Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup
chercheront à entrer et ne le pourront pas."
Ecoutez le Père Pascal
L’Évangile
de ce jour nous parle du Salut que Jésus est venu apporter aux hommes. Si la volonté
du Seigneur est que tous les hommes soient sauvés, le texte d’aujourd’hui nous montre
cependant que certains resteront à la porte, sans pouvoir entrer. Ce discours de Jésus
est difficile à entendre et mérite toute notre attention. Essayons de mieux comprendre
ce qu’il nous dit. Jésus parcourt les villages en enseignant. Le contenu
de cet enseignement n’est pas précisé mais il doit certainement être exigeant puisque
quelqu’un s’avance et demande : « Seigneur n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés
? » (Lc 13,23). Jésus parle alors de s’efforcer d’entrer par la porte étroite. Certains
frapperont à cette porte en disant « Seigneur, ouvre-nous » et Jésus répondra : «
Je ne sais pas d’où vous êtes » (Lc 13,25). Cet échange fait penser à un autre dialogue
que l’on retrouve dans la parabole des dix vierges. Les vierges folles frappent à
la porte et l’époux leur répond : « Je ne vous connais pas » (Mt 25,12). L’Évangile
de ce jour peut donc être éclairé par la parabole des dix vierges. Les vierges folles,
c'est-à-dire celles qui n’entrent pas par la porte étroite, sont celles qui ont oublié
de prendre de l’huile en réserve. Elles reconnaissent que Jésus est le Messie puisqu’elles
l’appellent : « Seigneur », mais elles sont insouciantes. Elles ne mesurent pas la
grandeur de la responsabilité qui leur est confiée, c'est-à-dire illuminer le chemin
de l’Époux lorsqu’il viendra. Elles ont donc une mission qui rappelle celle de Jean-Baptiste
: préparer le chemin du Seigneur, rendre droit ses sentiers (Mt 3,3 // Is 40,3), mais
au lieu de cela, elles commettent le mal et Jésus leur demande de s’éloigner. Par
cette parabole, Jésus nous dit qu’il ne suffit pas de le reconnaître pour avoir part
à son Royaume. Il ne suffit pas de l’appeler « Seigneur ! » et d’avoir mangé et bu
en sa présence, faut-il encore porter la lumière qu’il nous a confiée. Ensuite,
Jésus apporte une clé de lecture supplémentaire. Il dit « Il y aura des pleurs et
des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes
dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient
et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu
» (Lc 13,28-29). Jésus fait donc allusion à l’ouverture du salut aux païens. En d’autres
termes, l’élection des Juifs ne leur donne pas de garantie de salut. Dieu a appelé
Abraham pour être le père du peuple choisi. Il a continué, au cours des siècles, à
le guider en envoyant des prophètes et des rois. Toutefois, cette élection doit être
bien comprise. Elle n’est pas un privilège qui exclut les nations et garantit le salut,
mais une charge de témoignage. Par cet évangile, Jésus enseigne aux Juifs d’une part
que leur élection n’aboutit au salut que s’ils reconnaissent comme Messie, Jésus,
et d’autre part que le salut est désormais ouvert à tous. Ce passage ne
manque pas de nous interroger nous-mêmes. Les Chrétiens se considèrent maintenant
comme les élus, ceux que le Seigneur a choisis pour révéler ses mystères. Mais la
mise en garde que Jésus a faite aux Juifs il y a deux mille ans est aussi valable
pour nous aujourd’hui. Reconnaître en Jésus le Messie, le Fils de Dieu, ne suffit
pas pour entrer par la porte étroite. Faut-il encore être porteur de lumière.