Centrafrique : Save the Children s'alarme des violences aux enfants
Une période de transition débute en Centrafrique. Michel Djotodia, l’ex-chef rebelle
et le nouveau président depuis dimanche, a 18 mois pour organiser des élections. Près
de 5 mois après la prise du pouvoir à Bangui, la capitale, par les rebelles du Séléka,
la Centrafrique s’enfonce dans la peur et la crise humanitaire. La semaine dernière,
le Conseil de sécurité de l’ONU a examiné d’éventuelles sanctions contre des membres
de l’ex-rébellion.
Même si des tirs d’origine indéterminée ont encore été entendus
ce week end à Bangui, la situation semble se stabiliser dans la capitale où une force
africaine a commencé à se déployer. En province, en revanche, où des zones entières
échappent au contrôle des autorités, la population vit dans un « climat permanent
de peur », selon l’ONU.
Exactions multiples et viols
Dans un
rapport, le Conseil de sécurité de l’ONU dénonce "un nombre croissant d’exactions
et d’incidents attribués à des éléments incontrôlés du Séléka" : pillages, cambriolages,
ou encore agressions sexuelles. Des agressions sexuelles dont sont notamment victimes
des enfants. Selon l’ONG Save the Children, plus de 100 000 enfants sont confrontés
à l’esclavage sexuel et sont enrôlés dans des groupes armés.
"Les enfants
ne sont pas à l’école, ils sont menacés et ils risquent d’être abusés, exploités.
Il n’y a personne et les communautés ne sont pas ensemble pour prendre en charge les
enfants. Si personne ne vient, nous aurons un grand problème pour l’avenir", explique
Maria Wangechi, directrice de Save the Children en Centrafrique. "Il n’y a pas suffisamment
de ressources dans le pays pour tout faire. Il y a beaucoup de besoin, il faudrait
donc que la communauté internationale aide plus le pays pour qu’on puisse mettre en
place des projets pour protéger les enfants", précise Maria Wangechi.
Sans
l'aide de l'ONU les ONG peinent à travailler
De son côté, ajoute Maria
Wangechi, l’ONU pourrait faire "tout ce qui est possible pour rétablir la paix" et
ainsi permettre à Save the Children "d'accéder à la population et surtout aux enfants.
En attendant, l'ONG continue d'accueillir des enfants et se charge "d'informer les
communautés pour qu’elles soient capables de les prendre en charge".
Peut-on
parler d'une génération perdue ? "Si on ne réagit pas aujourd’hui ça peut arriver,
nous tous, nous faisons le maximum pour que ça n’arrive pas", conclue la directrice
de Save the Children en Centrafrique. 1,6 million de Centrafricains ont besoin d’une
aide d’urgence et 206.000 personnes ont été déplacées, dont 60.000 ont fui dans les
pays voisins.
Maria Wangechi, directrice de Save the Children en Centrafrique,
interrogée par Audrey Radondy
(avec
agences)
(Photo : selon Save the Children, plus de 100 000 enfants sont
confrontés à l’esclavage sexuel et sont enrôlés dans des groupes armés)