Notre-Dame de l’Assomption, célébrée le 15 août, est la patronne principale de la
France. La solennité de l’Assomption est l’occasion de prier pour la France. Une prière
qui pose de nombreuses questions. Pour tenter d’y répondre, en cette année de la foi,
et à l’occasion de la rénovation de la statue de Notre-Dame de France, les sanctuaires
du Puy-en-Velay accueillaient, mardi 13 août, un colloque sur le thème : Pourquoi
prier pour la France ? Huit intervenants se sont relayés à la tribune pour traiter
de sujets tels que « Les papes et la France » ou « Un pays a-t-il une vocation ? ».
Le
père Bernard Ardura a, lui, fait une intervention sur la vocation d’autres pays à
travers le monde. Président du Comité pontifical des sciences historiques pour le
Vatican, il explique que tous les pays ont une vocation : des exemples parfois étonnant
de prières à la nation.
L’an dernier, la prière du 15 août écrite
par le cardinal Vingt-Trois, alors président de la Conférence épiscopale, « n’était
pas orientée contre le mariage homosexuel mais elle demandait à Dieu que les enfants
puissent bénéficier dans leur éducation et dans leur vie de l’amour d’un père et d’une
mère. On peut toujours avoir une interprétation tendancieuse de ce qui a été proposé,
» reconnait-il. Si chacun est libre d’adhérer à cette prière, « les chrétiens ont
toutefois le devoir de contribuer au bien de son pays ».
Prier pour son pays,
ce n’est pas une caractéristique des catholiques français. « Le plus typique c’est
l’hymne national anglais qui est une prière qui demande à travers la personne du roi
ou de la reine, que le pays soit toujours fidèle à ce qui l’a construit, à ses propres
valeurs ». En Italie aussi, nombreuses sont les prières pour le pays. « Il y a une
prière qui, tous les jours, est récitée dans le sanctuaire de Lorette dans laquelle
on demande que l’Italie demeure un pays chrétien, et qu’à l’intérieur du pays toutes
les catégories de fidèles continuent de vivre leur foi. »
Le père Bernard
Peyrous, recteur des sanctuaires de Paray-le-Monial, est intervenu sur le thème de
« La France a-t-elle une vocation ? ».Une vocation qui, pour le prêtre, trouve
cette année son origine dans les lois récemment votées au Parlement. Après le débat
houleux ayant opposé pro et anti mariage pour tous, le prélat en profite pour appeler
à plus de dialogue et un retour à la démocratie, comme il l'a confié à Maxime Bapsères
Le père Peyrous n’y va pas par quatre chemins : « il est nécessaire de
prier pour le pays car la situation actuelle est délicate et pourrait devenir dangereuse.
Les lois actuelles, si elles sont maintenues peuvent avoir des conséquences très graves
». « La France est dans un combat, comme d’autres pays européens contre des projets
qui veulent changer la civilisation ».
Dans ce contexte sombre que décrit
le père Peyrous, « les catholiques ont raison de faire entendre leur voix. Mais la
prière n’a pas à être politique. Elle est bien plus profonde que cela. Après que les
citoyens s’engagent en politique, c’est normal et c’est sain. J’espère que la situation
actuelle du pays va faire bouger les hommes de bonne volonté et que les catholiques
vont davantage s’engager en politique. »
La prière de l’année dernière, qui
abordait le thème de la famille en plein débat sur le mariage homosexuel, avait provoqué
bien des réactions au sein même des catholiques français. Mais pour le père Peyrous,
« il faut appeler un chat un chat. On gênera toujours des gens ; après il faut être
respectueux de toutes les opinions. » Au-delà des polémiques de ces derniers mois,
« il faut prier pour la paix des cœurs, il faut que le Seigneur enlève toute brutalité
de l’esprit des gens quel que soit leur opinion. Il faut aussi prier pour que la France
demeure une démocratie, un pays de liberté où l’on puisse parler, où l’on puisse dialoguer.
Je ne suis pas certain que nous sommes sur cette route. »
Photo : le
choeur de Notre-Dame de Paris, rénové sous Louis XIII qui consacra le royaume à la
Vierge Marie