A Guantanamo, où la fin du Ramadan est traditionnellement vécue comme une trêve, les
autorités militaires s'attendent à une résurgence de débordements dans le centre de
détention où des hommes sont retenus depuis plus de dix ans sans procès.
Cette
année, le Ramadan fut assombri par une grève de la faim sans-précédent, suivie par
53 prisonniers. Pour 38 grévistes, ce fut gavage forcé à la tombée de la nuit.
Virginie
Berger, responsable du comité Etats-Unis à Amnesty International France, revient
avec Marie Duhamel sur le sort de ces prisonniers :
Fermer Guantanamo,
c’était l’une des promesses de campagne du président américain Barack Obama, mais
elle est restée pour l’heure sans suite. En cause, une situation juridique complexe,
explique Virginie Berger. « Ce sont des gens qui étaient enfermés en dehors de tout
droit légal par rapport aux conventions internationales. »
« On est conscient
qu’il y a des personnes qu’il pourrait être dangereux de relâcher, poursuit-elle,
mais si ces personnes étaient aujourd’hui traduites devant des cours de justice américaines,
il y aurait des non-lieu. Les autorités américaines ont peur de prendre ce risque,
peur de libérer de potentiels terroristes. » La situation est donc intriquée. Sur
le plan juridique, c’est le « vide absolu ».
Terre d’accueil
Une
autre question découle d’une éventuelle libération d’un prisonnier : qui pour l'accueillir
? La responsable du comité Etats-Unis d’Amnesty International France explique que
Washington a signé la convention contre la torture qui précise qu’aucune personne
ne peut être rapatriée dans un pays où elle risquerait de subir une violation de ses
droits fondamentaux.
« Une partie des personnes enfermées à Guantanamo pourraient,
si elles étaient rapatriées entre autre au Yémen, subir d’autres violations de leurs
droits, raconte Virginie Berger. Tout pays qui pourrait accueillir ces personnes est
le bienvenu. L’Europe a déjà fait pas mal d’efforts de ce côté-là, par contre les
Etats-Unis n’ont jamais accepté un détenu reconnu innocent par des commissions médicales
sur son propre sol. C’est un des grands freins à une mobilisation des pays européens.
»
Photo : des manifestants protestent à Washington fin juillet
contre l'alimentation forcée des détenus de Guantanamo