2013-08-09 16:45:58

L’archevêque de Bangui : « En Centrafrique, la famine nous guette »


En quelques mois la Centrafrique s’est transformée en Etat de non-droit. Au-delà de Bangui il n’y a « ni système judiciaire, ni police, ni services sociaux » dénonce Ivan Simonovic le secrétaire générale adjoint de l’ONU aux droits de l’Homme. Une situation dramatique confirmée par Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui, sur l’antenne de Radio Vatican RealAudioMP3


« Les gens ne peuvent plus vivre chez eux à cause de l’insécurité. Ils sont obligés de se cacher dans la forêt et vivent là sans assistance ». Le problème est encore plus grave pour les personnes qui ont besoin de soins hospitaliers. « Ces personnes doivent désormais se nourrir de racines et bientôt elles les utiliseront pour se soigner » souligne Mgr Nzapalainga. Et d’ajouter : « Des centrafricains sont morts dans la brousse car ils ont été mordu par des serpents. »

L'abandon humanitaire et sanitaire en Centrafrique

Récemment, plusieurs ONG dont Médecins sans frontières (MSF), Action contre la faim et Médecins du monde ont dénoncé la situation d'abandon humanitaire et sanitaire du pays. La situation est d’autant plus alarmante que ces ONG humanitaires ne sont plus présentes sur le terrain à cause des risques liés à la sécurité. Les viols, les meurtres et les attaques contre les civils sont de plus en plus fréquents. A ces constats s’ajoutent celui de l’absence de scolarité pour les jeunes. « A l’intérieur du pays dans certaines villes, les élèves ne peuvent pas aller à l’école. Tous ces enfants qui ont fui et qui habitent dans la forêt, qu’est-ce que nous faisons d’eux ? » interroge Mgr Nzapalainga. L’éducation est en effet une priorité pour le prélat, peut-être même le seul frein à une escalade de la violence. Car « en leur donnant accès à l’éducation ces jeunes vont comprendre les vraies valeurs humaines, celles de la République - explique l’archevêque. Sans ça, les enfants d’aujourd’hui seront les rebelles de demain ».

Le gouvernement dans l'impasse face à la rébellion du Séléka

Face à cette situation de crise la communauté internationale reste passive. Ivan Simonovic a même fustigé « le manque d'attention de la part des médias et de la communauté internationale » sur la situation en Centrafrique préconisant le désarmement des hommes du Séléka et la mise en place d'une justice transitionnelle pour que les auteurs d'exactions ne restent pas « impunis ». La situation sécuritaire demeure très difficile dans le pays, et le nouvel homme fort du pays Michel Djotodia peine à restaurer l'ordre et à désarmer les ex-combattants, malgré la présence d'une force multinationale dans la capitale. « Le Séléka est composé de plusieurs groupes et chaque groupe a un responsable à sa tête » fait remarquer l’archevêque de Bangui. « Ces hommes se comportent parfois comme des seigneurs de guerre et ils n’estiment avoir aucun compte à rendre à Bangui. Il est urgent d’instaurer une chaîne de commandement dans le pays ».

(Photo : Des enfants soldats de la rébellion du Séléka)







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