L’archevêque de Bangui : « En Centrafrique, la famine nous guette »
En quelques mois la Centrafrique s’est transformée en Etat de non-droit. Au-delà de
Bangui il n’y a « ni système judiciaire, ni police, ni services sociaux » dénonce
Ivan Simonovic le secrétaire générale adjoint de l’ONU aux droits de l’Homme. Une
situation dramatique confirmée par Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui,
sur l’antenne de Radio Vatican
« Les
gens ne peuvent plus vivre chez eux à cause de l’insécurité. Ils sont obligés de se
cacher dans la forêt et vivent là sans assistance ». Le problème est encore plus grave
pour les personnes qui ont besoin de soins hospitaliers. « Ces personnes doivent désormais
se nourrir de racines et bientôt elles les utiliseront pour se soigner » souligne
Mgr Nzapalainga. Et d’ajouter : « Des centrafricains sont morts dans la brousse car
ils ont été mordu par des serpents. »
L'abandon humanitaire et sanitaire
en Centrafrique
Récemment, plusieurs ONG dont Médecins sans frontières
(MSF), Action contre la faim et Médecins du monde ont dénoncé la situation d'abandon
humanitaire et sanitaire du pays. La situation est d’autant plus alarmante que ces
ONG humanitaires ne sont plus présentes sur le terrain à cause des risques liés à
la sécurité. Les viols, les meurtres et les attaques contre les civils sont de plus
en plus fréquents. A ces constats s’ajoutent celui de l’absence de scolarité pour
les jeunes. « A l’intérieur du pays dans certaines villes, les élèves ne peuvent pas
aller à l’école. Tous ces enfants qui ont fui et qui habitent dans la forêt, qu’est-ce
que nous faisons d’eux ? » interroge Mgr Nzapalainga. L’éducation est en effet une
priorité pour le prélat, peut-être même le seul frein à une escalade de la violence.
Car « en leur donnant accès à l’éducation ces jeunes vont comprendre les vraies valeurs
humaines, celles de la République - explique l’archevêque. Sans ça, les enfants d’aujourd’hui
seront les rebelles de demain ».
Le gouvernement dans l'impasse face à la
rébellion du Séléka
Face à cette situation de crise la communauté internationale
reste passive. Ivan Simonovic a même fustigé « le manque d'attention de la part des
médias et de la communauté internationale » sur la situation en Centrafrique préconisant
le désarmement des hommes du Séléka et la mise en place d'une justice transitionnelle
pour que les auteurs d'exactions ne restent pas « impunis ». La situation sécuritaire
demeure très difficile dans le pays, et le nouvel homme fort du pays Michel Djotodia
peine à restaurer l'ordre et à désarmer les ex-combattants, malgré la présence d'une
force multinationale dans la capitale. « Le Séléka est composé de plusieurs groupes
et chaque groupe a un responsable à sa tête » fait remarquer l’archevêque de Bangui.
« Ces hommes se comportent parfois comme des seigneurs de guerre et ils n’estiment
avoir aucun compte à rendre à Bangui. Il est urgent d’instaurer une chaîne de commandement
dans le pays ».
(Photo : Des enfants soldats de la rébellion du Séléka)