Le Washington Post racheté par le fondateur d'Amazon
Fleuron de la presse indépendante américaine, le quotidien américain Washington
Post vient d’être acheté pour 250 millions de dollars par le milliardaire Jeff
Bezos, 15e fortune mondiale et fondateur du géant du commerce en ligne Amazon.
Fondé
en 1877, le journal appartenait depuis près d'un siècle à la même famille, les Graham.
Au fil des ans, le titre s'était forgé une solide réputation d'enquête, notamment
après la révélation du scandale des écoutes du Watergate en 1974, qui avait contraint
Richard Nixon de démissionner de la présidence américaine.
Soupçons de conflits
d'intérêts
Avec le rachat du journal par Jeff Bezos, certains s'inquiètent
de possibles conflits d'intérêt. Le fondateur d'Amazon s'est voulu rassurant dans
une lettre envoyée à tous les salariés du quotidien, précisant qu'il entend conserver
l'équipe éditoriale actuelle et qu'il a racheté le Washington Post à titre
personnel, et non via Amazon.
Pour autant, le géant mondial vient d'obtenir
un contrat de stockage virtuel (cloud-computing) chiffré à plusieurs millions de dollars
avec le Pentagone pour héberger des données sensibles concernant la défense américaine.
De quoi alimenter les soupçons de conflits d'intérêt.
Mais ce que révèle ce
rachat est peut-être à chercher ailleurs (Jeff Bezos n'est pas le premier grand patron
à s'offrir un journal) : il est symbolique de la puissance d’Internet face au déclin
subi par la presse écrite, en panne de nouveau modèle économique.
C'est
l'avis de François Mariet, professeur de gestion des médias à l’Université Paris Dauphine,
interrogé par Jean-Baptiste Cocagne