Egypte : la présidence annonce l’échec des médiations internationales
« La phase des efforts diplomatiques a pris fin aujourd'hui ». Le mot « échec » n’est
pas inscrit dans le communiqué publié par la présidence égyptienne mercredi 7 août
2013, mais la médiation de la communauté internationale prend fin. Les Etats-Unis
et l'Union européenne, mais aussi l'Union africaine, le Qatar et les Emirats arabes
unis, ont dépêché au Caire depuis sept jours des ministres et des représentants pour
tenter d'amener les autorités à la retenue et de convaincre les islamistes de se disperser.
Les Frères musulmans jugés responsables
Dans le texte rendu
public mercredi matin, le gouvernement intérimaire, mis en place par l'armée et qui
a déposé il y a un mois le premier président égyptien élu démocratiquement, « rend
les Frères musulmans complètement responsables des conséquences à venir de leurs violations
des lois et de leur mise en danger de la sécurité publique ».
L'influente
confrérie islamiste de Mohamed Morsi organise depuis plus d'un mois deux sit-in au
Caire que les forces de l'ordre menacent de disperser par la force. Après plus de
250 morts en un mois, essentiellement des islamistes, dans des affrontements entre
pro et anti-Morsi et entre forces de l'ordre et pro-Morsi, la communauté internationale
redoute un bain de sang si la police tente de disperser les sit-in.
L'Egypte
rejette les « pressions étrangères »
Outre le secrétaire d'Etat américain
adjoint, William Burns, qui a quitté le Caire mercredi matin, le président américain
avait mandaté en Egypte le sénateur républicain John McCain. A peine arrivé au Caire,
l’ancien candidat à la Maison Blanche a provoqué le mécontentement de la présidence
égyptienne. Les « pressions étrangères » ont « dépassé les usages internationaux »
a déclaré le représentant du pouvoir intérimaire. « La présidence rejette les
déclarations du sénateur McCain et les considère comme irresponsables et falsifiant
la vérité », a-t-il indiqué. Le sénateur américain avait demandé la libération de
tous les Frères musulmans qui, selon lui, étaient des opposants politiques emprisonnés.
Les
Etats-Unis défendant les Frères musulmans, est-ce surprenant ? Marie Duhamel a
interrogé Thierry Garcin, l’auteur de Grandes questions internationales
aux Editions Economica
Photo
: sympathisants du président déchu, Mohamed Morsi, membres de la Confrérie des Frères
musulmans.