Le pape François travaille silencieusement dans la chaleur romaine
Le pape François a choisi de rester à Rome, malgré la chaleur, de ne pas passer l’été
à Castel Gandolfo comme ses prédécesseurs. Après le tour de force et le formidable
succès des JMJ de Rio au Brésil, il travaille et prépare une rentrée qui s’annonce
chargée. Et les vaticanistes en profitent pour décortiquer son lexique et son style
nouveau, un exercice auquel beaucoup se livrent depuis des mois.
Cela fait
plusieurs mois en effet que les sorties du pape fascinent les journalistes qui cèdent
parfois à la surinterprétation, alors que ses gestes de liberté par rapport à la mondanité
ecclésiastique et certains de ses propos le rendent parfois indéchiffrable. Appelé
à contribution par la presse italienne, un cardinal souligne que le pape François
change la forme pour renforcer les contenus, par des formules directes et imagées
qui frappent les esprits.
Continuité sur le fond, changement dans la forme
Le
père Federico Lombardi, lui, voit dans l’attitude du pape un désir profond de communiquer
à tous l’amour de Dieu et sa miséricorde afin que personne ne se sente exclu. Le pape
François parle davantage de l’Evangile social et moins de la bioéthique, de l’avortement,
du mariage gay, parce qu’il estime, explique le porte-parole du Saint-Siège, que la
position de l’Eglise sur ces sujets est suffisamment claire. Il n’a aucune intention
de modifier l’enseignement moral de l’Eglise sur la vie et la famille, mais il rechigne
à rabâcher les interdits.
Car le pape Bergoglio veut que son ministère soit
fondé sur l’empathie et l’inclusion, sur l’accueil et le réconfort. Il préfère dénoncer
les blessures sociales que constituent la pauvreté, les injustices, les inégalités,
les dérives du capitalisme financier. Au fond, le pape François poursuit les sentiers
empruntés depuis des décennies par ses prédécesseurs. Certes, mais ce changement de
style est en train de définir les contours et la portée de son pontificat.
Un
protocole bousculé
Par ses gestes et ses attitudes, il a déjà bouleversé
l’étiquette et le cérémonial du Vatican. Reste à savoir s’il s’agit ou pas d’un tournant
dans l’histoire de la papauté. En attendant, c’est sur des réformes de structure qu’il
est attendu : fonctionnement de la Curie romaine, collégialité, gestion des finances.
Le pape François y travaille dans le calme d’une ville désertée par ses habitants,
loin de l’effervescence médiatique et de l’engouement populaire qu’il ne cesse de
susciter. (Romilda Ferrauto)