2013-08-01 07:33:53

Le Burkina Faso menacé par une crise politique et sociale


Ce week-end des milliers de Burkinabés, sympathisants de l’opposition, ont de nouveau manifesté à Ouagadougou la capitale, contre la création d’un Sénat. Au même moment, les conseillers municipaux votaient pour les délégués qui les représenteront dans la future institution.

Selon l’opposition, ce Sénat coûtera trop cher et pourrait permettre au président Blaise Compaoré, de modifier l’article 37 de la Constitution, pour briguer un 5e mandat.
La semaine dernière, deux documents ont alerté sur la situation sociopolitique au Burkina Faso. L’International Crisis Group, l’ONG internationale de prévention et de résolution des conflits et la Conférence Episcopale du Burkina s’inquiètent, chacune de leur côté, du malaise politico-social qui touche ce pays de l’Afrique de l’Ouest.

Le Burkina Faso peut-il devenir une poudrière ?

C’est la deuxième lettre publiée par des évêques de l’Eglise du Burkina. La première date de 2010. A l’époque, les prélats s’étaient exprimé contre une possible modification de la Constitution. Aujourd’hui, ils s’inquiètent des tensions sociales, en augmentation au Burkina Faso depuis plusieurs années.
« Il y a une menace, si on ne fait pas attention on peut en arriver à l’éclatement de la crise. Alors l’Église a décidé de faire comprendre qu’en fait quand elle attire l’attention sur le fait que le Sénat n’est pas une urgence ce n’est pas pour jouer l’opposition, mais pour attirer l’attention sur l’urgence qu’elle a à prendre en compte les problèmes réels de la population », explique le père Joseph Kinda de l’Église du Burkina.

Aux tensions sociales s’est ajouté une tension politique. Beaucoup de personnes de l’opposition et de la société civile craignent que grâce au Sénat, le président Blaise Compaoré modifie la Constitution et se représente.
« L’Église ne pense pas que ça soit judicieux pour le pays, pour la bonne marche du pays, de permettre au président de briguer encore un autre mandat », comme l’explique le père Joseph Kinda.

L'opposition n'aurait pas joué son rôle

Pour les évêques, l’opposition aurait pu éviter une telle situation. Selon eux, elle n’a pas joué son rôle : « Ils ont joué la politique du siège vide et ce point (la création du Sénat) est désormais un point constitutionnel. Bien que la loi soit votée, une loi ne sert que si elle fait l’affaire du peuple », précise-t-il.

Pour Rinaldo Depagne, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à l’ONG International crisis group, en plus de ne pas être suffisamment forte, l’opposition alimente le malaise de la société burkinabé : « il y a d’un côté ceux qui sont contre la modification de l’article 37 et ceux qui demandent au président Compaoré de se représenter, c’est assez inquiétant ».

Si la question politique peut déstabiliser le pays. Selon lui, il existe une autre menace, tout aussi importante : « Le Burkina Faso est un pays où il y a une vraie facture sociale. Un pays pauvre mais qui a de bons résultats économiques depuis plusieurs années et cette richesse n’est absolument pas redistribuée. Ça aussi c’est dangereux, dans un pays qui a une tradition forte de contestations sociales ».

Il y a donc urgence, il reste seulement deux ans avant l’élection présidentielle de 2015.

Le père Joseph Kinda, chargé de communication à la Conférence épiscopale du Burkina et Rinaldo Depagne, l’analyste principal de l’International Crisis Group pour l’Afrique de l’Ouest, interrogés par Audrey Radondy : RealAudioMP3


(photo : une manifestation d'opposition à la création d'un sénat, à Ouagadougou, le 28 juillet dernier)







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