Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 4 août,
18ème dimanche du temps ordinaire. Evangile selon Saint Luc 12, 13 - 21 : Du milieu
de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec
moi notre héritage. »
Ecoutez le Père Pascal Montavit
L’Évangile
de ce dimanche nous parle d’un homme qui pose à Jésus la question suivante : « Maître,
dis à mon frère de partager avec moi notre héritage » (Lc 12,13). Jésus lui répond
: «Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages » (Lc 12,14). En
premier lieu, ce récit nous apprend qu’il est possible parfois de se tromper sur le
sens de la venue de Jésus parmi nous. Jésus n’est pas là pour régler des litiges à
notre place mais pour nous donner la vie éternelle. Bien sûr, Jésus s’intéresse et
s’occupe de notre quotidien. Mais, c’est notre devoir personnel de mener à bien nos
tâches et d’apprendre à vivre ensemble. L’homme doit en effet assumer ses responsabilités,
s’engager, afin que le Seigneur puisse bénir son travail et lui donner de porter du
fruit.
Jésus profite cependant de cette question pour donner un enseignement
sur la richesse. Il propose la parabole suivante. Un homme riche voit ses terres lui
rapporter beaucoup. Ne sachant que faire devant une telle récolte, il décide de démolir
ses anciens greniers et d’en construire de plus grands. Puis, il se dit à lui-même
: «Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence » (Lc 12,19). De cet homme, Dieu
dit qu’il est fou. C’est la richesse qui l’a rendu fou. La parabole explicite trois
caractéristiques de cette folie.
Tout d’abord, la richesse donne l’illusion
qu’un bonheur complet peut être trouvé sur cette terre. L’homme riche pense aux nombreuses
années qui l’attendent et il se dit que celles-ci seront faites de plaisirs et de
réjouissances en raison de son immense fortune. Toutefois, ces années, aussi nombreuses
puissent-elle être, auront une fin. La richesse fait oublier que nous ne sommes que
de passage sur terre et qu’une autre patrie nous attend. L’Épître aux Hébreux appelle
cette patrie, la patrie céleste. Pour elle, tout peut être sacrifié ainsi que le montre
la longue succession de témoins depuis Abel jusqu’à nos jours (He 11,16).
Ensuite,
la richesse fait oublier que la vie est un don que Dieu fait et que ce don peut prendre
fin à tout moment. Dans la parabole, Dieu dit à l’homme riche : « Insensé, cette nuit
même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? » (Lc 12,20).
Cet enseignement est fort. Il nous rappelle que nous sommes appelés à vivre chaque
jour comme si c’était le dernier, car ce sera peut-être le dernier. Célébrer chaque
eucharistie comme si c’était la dernière.
Pardonner à ceux qui nous
ont offensés comme si c’était le dernier jour qui nous était donné pour le faire.
Se donner à ceux que l’on aime, comme si c’était notre ultime chance de leur manifester
notre amour. Il n’est pas rare que le regret, ou plutôt le remords, torture ceux qui
ont refusé, lorsque c’était encore possible, un acte de charité ou un acte de pardon.
Le baptisé est celui qui vit chaque jour comme si c’était le dernier car le Christ
peut venir à tout moment. St Paul dira : « Que le soleil ne se couche sur ta colère
» (Ep 4,26)
Enfin, la richesse rend fou car elle fait oublier que nous
sommes appelés à amasser un trésor pour le Royaume du ciel et non celui de la terre.
St Paul parle d’une légère tribulation d’un instant qui nous prépare, jusqu’à l’excès,
une masse éternelle de gloire (2 Co 4,17). L’évangile de ce jour résonne
comme une invitation à amasser un trésor dans le ciel. Que pouvons-nous faire aujourd’hui
qui nous rendra riche dans le Royaume ? Voici la question qui se pose à nous en ce
dimanche.