Le Pape souhaite une Eglise simple et à l'écoute du monde
A l'archevêché de Rio, ce samedi midi (heure locale, 18 heures à Rome) le Pape François
a déjeuné avec les cardinaux et évêques du Brésil. L’épiscopat brésilien est, en nombre,
le plus important du monde avec 459 évêques et 9 cardinaux. Et c’est un discours fleuve
à la mesure de l’immensité de ce pays que le pape François a préparé pour eux, un
texte majeur qui mérite d’être approfondi. Vendredi soir, lors du chemin de Croix,
le Souverain pontife avait dit comprendre les jeunes qui perdent la foi à cause des
mauvais prêtres. Et ce samedi il a abordé de front et avec une grande lucidité l’hémorragie
des catholiques qui quittent l’Eglise pour les mouvements ou les sectes ou parce qu’ils
ont perdu la foi. Un problème particulièrement grave au Brésil.
L’Église
au Brésil a reçu et appliqué avec originalité le Concile Vatican II.
Après
avoir dépassé « certaines maladies infantiles », elle est aujourd’hui plus mûre,
ouverte, généreuse, missionnaire. Mais aujourd’hui nous sommes à une période nouvelle
– constate le pape - un changement d’époque. Des catholiques s’en vont, déçus, par
qu’ils pensent que l’Église ne peut plus rien leur offrir de significatif. Peut-être
l’Église est-elle apparue trop faible, trop éloignée de leurs inquiétudes, trop froide
dans ses contacts, trop emportée elle-aussi par la frénésie de l’efficacité ; peut-être
trop autoréférentielle, prisonnière de ses langages rigides ; peut-être le monde perçoit-il
l’Église comme une survivance du passé, inadaptée aux questions nouvelles. Il faut
donc réagir et le pape François encourage l’Église à ne pas avoir peur de sortir dans
la nuit. Elle doit cesser de réduire le mystère qu’elle héberge en elle-même à une
explication rationnelle ; chez les gens, au contraire, le mystère entre par le cœur.
Le chemin de Dieu est le charme, l’attrait.
Le Pape François veut une Eglise
qui réchauffe les coeurs
L’Eglise doit retrouver son humilité et surtout
sa simplicité. Ses filets sont fragiles, peut-être raccommodés ; la barque de l’Église
n’a pas la puissance des grands transatlantiques qui franchissent les océans, certes.
Mais le résultat du travail pastoral – avertit le pape argentin - ne s’appuie pas
sur la richesse des ressources, mais sur la créativité de l’amour. La ténacité, l’effort,
le travail, la programmation, l’organisation servent certainement, mais la force de
l’Église n’habite pas en elle-même, elle se cache dans les eaux profondes de Dieu.
Parfois, nous perdons ceux qui ne nous comprennent pas parce que nous avons oublié
la simplicité, important de l’extérieur une rationalité étrangère à nos gens. Aujourd’hui,
il faut une Eglise qui se mette en chemin avec les personnes et réchauffe les cœurs.
Une Eglise miséricordieuse capable de s’introduire dans un monde de blessés.
Et
à noter que dans ce long discours, le pape n’a pas oublié les femmes : Ne réduisons
pas leur engagement dans l’Église – a-t-il lancé - mais promouvons leur rôle actif
dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes l’Église risque la stérilité.
(Photo:
le Pape embrasse une croix que lui a remis le président de la conférence épiscopale
brésilienne, Mgr Raymundo Damasceno)