Au cœur de la favela Varginha, à Rio de Janeiro, le Pape François a marché dans le
dédale des étroites ruelles, accueilli par des centaines d’habitants au comble de
la joie. Le Pape a salué sans compter des dizaines de personnes, embrassant des enfants,
offrant son sourire et allant au contact sans se soucier de la pluie incessante. Comme
le prévoyait le programme, le Pape François est entré dans une maison de son choix
pour y rencontrer en privé ses occupants durant une quinzaine de minutes, la bénir
et poursuivre son périple pour arriver ensuite sur le terrain de football de ce quartier
défavorisé « pacifié » par la police il y a quelques mois, mais où le trafic de drogue
et la violence, selon les médias locaux, n’auraient pas complètement disparu.
Le
Pape, très à l’aise, appréciant visiblement l’accueil des plus chaleureux que lui
réservait la population, est alors monté sur l’estrade préparée pour lui, et s’est
adressé à un public conquis par sa simplicité et son enthousiasme. « Je frappe à la
porte de cette communauté qui aujourd’hui représente tous les quartiers du Brésil
». « J’aurais voulu frapper à la porte de chaque maison, dire bonjour, demander un
verre d’eau fraîche, prendre un « cafezinho », parler comme à des amis à la maison,
écouter le cœur de chacun, de vous parents, vous les enfants, vous les grands-parents
». « Mais le Brésil est si grand ! » « Alors j’ai choisi de venir ici, de visiter
votre ‘Communauté’ qui représente aujourd’hui tous les quartiers du Brésil. Qu’il
est beau d’être accueillis avec amour, avec générosité, avec joie ! »
"On
peut toujours ajouter plus d'eau aux haricots"
Le Pape François a alors
souligné combien les brésiliens sont accueillants, et de préciser : « Lorsque nous
sommes généreux dans l’accueil d’une personne, je vous le dis, et que nous partageons
quelque chose avec elle – un peu de nourriture, une place dans notre maison, notre
temps – non seulement nous ne restons pas plus pauvres, mais nous nous enrichissons.
Lorsqu’une personne qui a besoin de manger frappe à votre porte, je sais bien que
vous trouvez toujours une façon de partager la nourriture ; comme dit le proverbe,
on peut toujours " ajouter plus d’eau aux haricots " ! Et vous le faites avec amour,
montrant que la véritable richesse n’est pas dans les choses, mais dans le cœur !
»
Pour le Pape François, pas de doute, le peuple brésilien « en particulier
les personnes plus simples, peut offrir au monde une précieuse leçon de solidarité,
une parole souvent oubliée ou tue, parce qu’elle gêne. » Le Pape a alors lancé un
appel aux autorités publiques et à tous les hommes de bonne volonté engagés pour la
justice sociale pour qu’ils ne cessent de travailler pour un monde plus juste et plus
solidaire ! « Personne ne peut rester insensible aux inégalités qu’il y a encore dans
le monde », a ajouté le Pape, invitant à lutter contre la culture de l’égoïsme, de
l’individualisme qui souvent régule notre société, et à se décider à construire une
culture de la solidarité qui voit dans l’autre non un concurrent ou un numéro, mais
un frère.
Une société ne peut abandonner dans la périphérie une partie
d'elle-même
Le Pape François encourageait alors les efforts que la société
brésilienne fait pour intégrer toutes ses composantes, même les plus souffrantes et
nécessiteuses, dans la lutte contre la faim et la misère. « Aucun effort de “pacification”
ne sera durable, il n’y aura ni harmonie, ni bonheur pour une société qui ignore,
qui met en marge et abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même. Une telle
société s’appauvrit ainsi simplement et perd même quelque chose d’essentiel pour elle-même.
Rappelons-nous-le toujours : c’est seulement quand nous sommes capables de partager
que nous nous enrichissons vraiment ; tout ce qui se partage se multiplie ! La mesure
de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est
le plus nécessiteux, qui n’a rien d’autre que sa pauvreté ! »
Promouvoir
la famille, défendre la vie, promouvoir l'éducation et la santé
Le Pape
François a souligné par ailleurs que l’Église, “avocate de la justice et défenseur
des pauvres contre les inégalités sociales et économiques intolérables qui crient
vers le ciel” (Document d’Aparecida, p. 395), désire collaborer à toute initiative
ayant le sens du vrai développement de tout homme et de tout l’homme. Mais il rappelait
« qu’il n’y a ni de véritable promotion du bien commun, ni de véritable développement
de l’homme quand on ignore les piliers fondamentaux qui soutiennent une Nation, ses
biens immatériels : la vie, qui est don de Dieu, valeur à préserver et à promouvoir
toujours ; la famille, fondement de la vie ensemble et remède contre l’effritement
social ; l’éducation intégrale, qui ne se réduit pas à une simple transmission d’informations
dans le but de produire du profit ; la santé, qui doit chercher le bien-être intégral
de la personne, aussi dans sa dimension spirituelle, essentielle pour l’équilibre
humain et pour une saine vie en commun ; la sécurité, dans la conviction que la violence
peut être vaincue seulement à partir du changement du cœur humain. »
Le Pape
François s’est enfin adressé directement aux jeunes de la favela et de tout le Brésil
pour les encourager à ne pas se décourager face aux laideurs du monde, mais à continuer
à vouloir vaincre les maux de la société. Car « la réalité peut changer, l’homme peut
changer ».