2013-07-23 12:45:58

Le Pape a dépassé sa peur des journalistes


"J'ai vu que vous n'étiez pas féroces", a plaisanté lundi le pape François, à la fin d'une rencontre très chaleureuse avec 70 représentants des médias dans l'avion qui l'emmenait au Brésil.
Le souverain pontife s'est comparé au prophète Daniel qui s'était trouvé dans la fosse aux lions face à des fauves apaisés.

Le pape qui avait annoncé qu'il se refusait à toute conférence dans l'avion, a exposé les objectifs de son voyage pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), lui donnant d'emblée une tonalité très sociale, avant de saluer un à un chacun des journalistes et photographes présents.
Une journaliste mexicaine, Valentina Alazraki Crastich, de la chaîne Televisa, doyenne du groupe de journalistes pour le nombre de ses voyages avec les papes, a eu l'honneur de prononcer un petit discours d'accueil, en même temps que le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi.

D'abord la mine sombre et grave, le pape s'est alors détendu: "Vous n'êtes pas les saints de ma dévotion", a-t-il plaisanté en réponse à la journaliste mexicaine, qui avait parlé de sainteté. "Ici je suis au milieu des lions", a-t-il ajouté avec humour. Il s'est excusé de n'avoir pas voulu tenir une conférence de presse, ou même avoir un échange à partir de questions préparées à l'avance comme le faisait Benoît XVI, décevant de nombreux journalistes qui avaient voulu être présents sur le vol malgré le coût du voyage.

"C'est vrai, je ne donne pas d'interviews. Mais pourquoi, je ne sais! Je ne peux pas, c'est ainsi. Pour moi c'est un peu pénible de le faire", a-t-il admis, avec sa franchise habituelle. Au terme de trois quarts d'heure pendant lesquels il a tenu à faire connaissance avec chacun des journalistes, il a invité les médias à "collaborer" avec lui "pour le bien de la société, des jeunes, des anciens, des deux ensemble". "Je suis resté un peu triste comme le prophète Daniel dans la fosse aux lions car j'ai vu que vous n'étiez pas féroces!" a-t-il conclu.

Le Pape fustige une culture qui "jette tout"

Improvisant en italien, le pape François s'est lancé dans un plaidoyer avec des petites phrases ponctuées d'exclamations sur un thème qui lui est cher: ne pas s'isoler, ne pas isoler les autres. Les jeunes d'aujourd'hui souvent contraints au chômage prolongé, ne doivent pas, tout comme les personnes âgées, être des "rejets" ou les "rebuts" d'une société en crise, selon lui. Il a fustigé une culture du "scarto", mot qui en italien veut dire "rejet", "mise à l'écart", "tri", "rebut", "déchet", comme il avait eu l'occasion de le faire plusieurs fois récemment au Vatican.

Il a expliqué qu'il espérait trouver face à lui des jeunes du monde entier, "non pas isolés", mais insérés et engagés dans "le tissu social", comme doivent l'être aussi les personnes âgées, dont "la sagesse" doit être mise à profit. Il ne faut priver les jeunes de leur "appartenance" "à une famille, à une culture, à une foi", a-t-il souligné.

Le Pape François parle à chaque journaliste et photographe sur l'avion

C'était la volonté du pape de connaître individuellement chacun des journalistes et photographes qui le suivent chaque jour, lui qu'on ne dit guère prêt à dialoguer avec la presse et qui s'est plaint à plusieurs reprises des fuites de conversations privées dans les médias. Prenant le temps d'écouter chacun, comme aucun pape ne l'avait fait avant lui, il a béni le chapelet de l'un, reçu la petite offrande de l'autre, dont un drapeau du brésil, accueilli la demande de prière d'un autre pour sa famille, traçant à l'occasion le signe de croix sur le front. Et a fini presque toujours par un "je vous demande de prier pour moi", devenu une phrase rituelle de ce pontificat.(Afp)








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