La Centrafrique s'enfonce dans la crise: les craintes d'une missionnaire
Loin des écrans, la situation en Centrafrique s’aggrave, tel est le constat sombre
dressé par ses habitants, et en particulier l’Église locale. La semaine passé, le
symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar avait déjà publié
une déclaration dans laquelle elles déploraient « les indicibles souffrances infligées
à la population de la République centrafricaine ». Le Secam s’était dit « choqué »
non seulement par les violations des droits de la population » mais aussi par « l’indifférence
de la communauté internationale ».
La sonnette d’alarme est cette fois-ci
tirée par une sœur de la charité, Elvira Tutolo qui vit à Berberati, à 650 kilomètres
de Bangui. « la situation sanitaire est la plus préoccupante » explique cette religieuse
qui vit depuis 21 ans au pays. Dans sa ville, la seule banque a fermé le 22 mars dernier,
de peur des pillages, et n’a jamais rouvert. Selon elle, les rebelles du Seleka, responsables
du coup d’état dans le pays sont divisés en factions, qui luttent entre elles et ne
recherchent que l’argent.
Le climat a changé depuis la prise de pouvoir des
rebelles regrette la missionnaire. Elle note en particulier à Berberati l’augmentation
du complexe de supériorité de la communauté arabo-musulmane, et la multiplication
des petites mosquées. L’évêque de Berberati a entamé un dialogue avec l’imam local
pour tenter d’apaiser la situation, et les religieuses invitent les jeunes musulmans
pour des rencontres au Centre culturel. « C’est une situation qui ne doit pas s’aggraver
car ce serait gravissime » explique sœur Elvira. Avec ses deux sœurs de la communauté,
la religieuse italienne prie pour que la Centrafrique ne soit plus ignorée.