Dimanche, une journée historique pour la Belgique. Philippe est devenu le nouveau
roi des Belges, le septième. En fin de matinée, jour de fête nationale, il a prêté
serment devant les deux chambres du Parlement. Il succède ainsi à son père, Albert
II.
Un nouveau souverain, avec une volonté : donner un « nouvel élan d’enthousiasme
» au pays. « Je jure d'observer la Constitution et les lois du peuple belge, de maintenir
l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire », a déclaré Philippe d'une
voix ferme en néerlandais, français et allemand, les trois langues nationales.
«
Donnons tous ensemble un nouvel élan d'enthousiasme » au pays, a-t-il ajouté, avant
de lancer un vibrant « Vive la Belgique ».
« J'entame mon règne avec la volonté
de me mettre au service de tous les Belges », a ajouté le chef de l'Etat dans sa première
allocution en tant que souverain, promettant également « d'intensifier le dialogue
» avec les citoyens belges. Quelles sont maintenant les attentes de ces derniers,
par rapport à la royauté et au nouveau roi ? Marie Duhamel a posé la question à Christian
Laporte, chroniqueur royal au quotidien La Libre Belgique :
A l'issue
d'un règne de 20 ans, Albert, 79 ans, avait signé son acte officiel d'abdication une
heure et demie plus tôt, lors d'une cérémonie pleine d'émotion dans la grande salle
du trône du Palais royal de Bruxelles.
Dans sa dernière adresse à la Nation,
Albert II avait de nouveau appelé les responsables du pays à « travailler sans relâche
à la cohésion de la Belgique ». La voix brisée par l'émotion, il a rendu hommage à
son épouse Paola. « Je voudrais simplement lui dire merci ». « Et un gros kiss ! »,
a-t-il ajouté en sortant de son discours écrit.
Il a alors été acclamé par
tous les dignitaires rassemblés. Paola et la future reine Mathilde n'ont pu retenir
leurs larmes. Christian Laporte revient pour nous sur cette figure :
Le nouveau
roi, qui aurait pu succéder à son oncle après la mort brutale du roi Baudouin en 1993,
n'avait alors pas été considéré comme prêt à assumer la fonction. Vingt ans plus tard,
le doute subsiste en raison de quelques propos maladroits et de son manque persistant
d'aisance en public.
Il pourra compter sur le soutien actif de son épouse Mathilde,
populaire, compétente et atout charme de la monarchie depuis leur mariage en 1999.
A 40 ans, elle deviendra la première reine d'origine belge de l'histoire du pays.
Dans son discours, le roi Philippe a évoqué sa « chance » de pouvoir « compter sur
le soutien permanent de Mathilde », en saluant son « sens inné du contact humain ».
«
Philippe, tu as toutes les qualités de cœur et d'intelligence pour très bien servir
notre pays dans tes nouvelles responsabilités », avait déclaré un peu plus tôt le
roi Albert II.
La monarchie est présentée comme un des derniers symboles d'unité
du pays, devenu un Etat fédéral au fil des crises politiques qui se sont succédé ces
40 dernières années. Défendue dans le sud francophone du pays, elle est remise en
cause dans le nord néerlandophone, particulièrement par les indépendantistes de la
N-VA, républicains par principe et à tout le moins partisans d'une monarchie purement
protocolaire.
Elections à haut risque
Le règne d'Albert II a
été ponctué par plusieurs crises politiques, particulièrement après les élections
de 2010 où les partis avaient mis 541 jours, un record mondial, pour former un gouvernement.
Le roi avait alors joué un rôle majeur pour sortir de l'impasse.
A l'approche
des élections législatives de 2014, qui devraient voir une nouvelle poussée des indépendantistes
flamands, une majorité de Belges auraient préféré que le vieux monarque reste encore
sur le trône malgré sa santé déclinante.
Après la prestation de serment, le
nouveau couple royal doit apparaître au balcon du Palais avant d'assister au traditionnel
défilé militaire et de prendre un bain de foule au milieu des animations auxquelles
sont attendues plusieurs centaines de milliers de personnes dans le centre de Bruxelles.
Avec
AFP
(Photo : Philippe, le nouveau roi des Belges, et son épouse, Mathilde)