Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 21
juillet, 16ème dimanche du temps ordinaire. Evangile selon Saint Luc 10, 38-42 : "
Alors qu'il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme
appelée Marthe le reçut dans sa maison." Ecoutez le Père Pascal Montavit
L’Évangile
de ce jour nous rappelle un épisode bien connu. Jésus est reçu chez Marthe qui est
accaparée par les multiples occupations du service alors que Marie, sa sœur, reste
là, aux pieds de Jésus.
Habituellement, le commentateur de cet Évangile
s’empresse de dire : « Bien sûr, Jésus ne condamne pas Marthe….Marthe et Marie ont
chacun leur rôle et les deux sont nécessaires au sein de l’Église! Il y a la vie contemplative
et la vie apostolique. Les deux réalités ensemble constituent l’Église ». Cette affirmation
n’est pas fausse ! Mais elle n’est pas, non plus, complètement vraie. Elle a besoin
d’être précisée car pour qui lit l’Évangile avec attention, il est clair que Marthe
reçoit un reproche alors que Marie, elle, est présentée comme exemplaire : « Marthe,
Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire.
Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10,41-42). Voyons
cela plus en détail. En premier lieu, il est vrai que le rôle de Marthe
est indispensable. Il est précisé que c’est elle qui accueille Jésus dans sa maison.
Et si elle ne l’avait pas fait, Marie n’aurait pas eu l’opportunité de se tenir assise
aux pieds du Seigneur. Etre un homme – une femme – d’action est donc indispensable
dans la vie du disciple. Il convient de s’engager, de prendre des initiatives. Survient
toutefois un danger, un piège que Marthe n’a pas su éviter : l’activisme. Elle a obtenu
que le Seigneur entre dans sa demeure et au lieu de demeurer là à l’écouter, elle
s’agite.
Le fruit de cette agitation est la jalousie : « Ma sœur me
laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider » (Lc 10,40). Marthe avait
bien commencé. Elle s’est préparée pour accueillir Jésus. Mais une fois Jésus chez
elle, elle continue ses activités et oublie d’aller à l’essentiel. Elle demande alors
à Jésus de changer le cœur de Marie afin que celle-ci se lève et s’agite aussi. Mais
Jésus préfère changer le cœur de Marthe. Voilà un enseignement intéressant. Notre
prière parfois nous conduit à demander au Seigneur de changer notre prochain….et Jésus
nous répond en nous demandant de nous changer nous-mêmes !
Marthe a
besoin d’apprendre à s’arrêter, à se mettre aux pieds de Jésus et à écouter sa parole.
Marthe est vraiment un exemple à méditer pour notre temps. Qui, de nos jours, peut
ne pas se reconnaître – au moins un peu – dans une Marthe qui s’active pour le Seigneur
mais qui ne sait pas prendre du temps pour l’écouter. Une Marthe qui finit par juger
sa sœur de qui, en fait, elle devrait prendre exemple.
Cet enseignement
n’est pas facile à entendre. Savoir s’arrêter peut s’avérer très exigeant. Savoir
s’arrêter, c’est tout d’abord reconnaître que nous ne pouvons pas tout faire par nous-mêmes.
C’est le sens même du sabbat chez les Juifs. Le septième jour, toute activité est
interdite car tout est remis à Dieu. L’homme reconnaît ainsi que, sans Dieu, il ne
peut achever son travail. S’avoir s’arrêter, c’est aussi prendre le risque
de poser un regard sur soi, sur sa vie, sur les choix que l’on pose. C’est accepter
de se confronter à la Parole de Dieu qui veut mettre en lumière toutes les obscurités
de notre existence. Savoir s’arrêter peut faire peur. C’est pourtant le seul moyen
de rencontrer le Christ, de l’écouter et de découvrir son Amour.