Un Pakistanais condamné à la prison à vie pour des SMS blasphématoires
Au Pakistan, un chrétien de 28 ans, Sajjad Masih Gill, résidant dans le district de
Pakpatan, au Punjab, a été condamné par le tribunal de premier degré de Gojra à la
réclusion à perpétuité, associée à une amende de 200’000 roupies pakistanaises (soit
environ 2000 dollars). Membre de la communauté chrétienne des adventistes du septième
jour, il a été reconnu coupable d’outrage au prophète Mahomet et à l’islam pour avoir
envoyé des SMS blasphématoires à partir de son téléphone portable, rapporte l’agence
Fides.
Selon une reconstitution du directeur du périodique « Minorities Concern
of Pakistan », datant du 18 décembre 2011, un musulman résidant à Gojra aurait reçu
un certain nombre de SMS blasphématoires provenant d’un téléphone portable inconnu.
Le lendemain, ce dernier s’est présenté à la police, qui a enregistré une plainte
pour blasphème, incriminant et arrêtant Sajjad Gill.
Vices de procédure
Selon
les membres de la communauté chrétienne de Gojra, les accusations portées contre Gill
sont infondées. L’accusation n’est en effet parvenue à produire aucune preuve démontrant
sa culpabilité. Dans le téléphone portable de Gill, qui a été remis à la police, il
n’y avait aucun message blasphématoire. Les témoins oculaires font également défaut. Entre
autre, comme l’indique l’avocat de Gill, les agents de police qui ont enregistré la
plainte et traité le cas n’étaient pas compétents pour reconnaître un cas de blasphème,
car seuls les inspecteurs d’un certain grade le peuvent. L’ensemble de la procédure
serait donc nul. Les avocats de la défense ont annoncé un recours en appel devant
la Haute Cour.
Une affaire de jalousie
De son côté, le jeune
homme s’est déclaré innocent. Il serait victime d’une affaire de jalousie. L’organisation
LEAD (Legal Evangelical Association Development) affirme que le message serait parti
du téléphone d’une jeune pakistanaise chrétienne, Roma Ilyas, amoureuse de Gill. La
jeune fille avait cependant été contrainte par ses parents d’épouser Donald Bhatti,
un autre chrétien résidant au Royaume-Uni. Ce dernier, par jalousie, aurait enregistré
une ligne téléphonique portable au nom de Roma et envoyé les SMS blasphématoires à
l’aide de cette ligne, afin de donner une leçon à son épouse et à son ami. Roma a,
elle aussi, été inculpée mais, résidant au Royaume-Uni, il a été impossible de faire
quoi que ce soit contre elle. L’accusation est donc retombée sur Sajjad. Une fois
arrêté, la police a cherché à lui extorquer par la violence une fausse confession,
que Gill n’a jamais signée.
Paul Batthi est sûr que Sajjad Masih Gill sera
blanchi
Paul Bhatti est conseiller du ministre pour l’harmonie nationale
au Pakistan. Il affirme que pour l’instant, « on ne peut pas faire grand chose. Quand
il y a des cas comme celui-ci auprès de la « Session Court », la première instance
de justice, il y a peu de sécurité et souvent le juge est mis sous pression, beaucoup
le menacent. Mais ce cas est défendu par un avocat de notre association et lui va
faire appel auprès de la haute cour du pays. Je suis sûr que là, ce cas sera entendu
parce qu’il n’y a aucune preuve contre ce chrétien de 28ans. Le sms qui a été envoyé,
n’a pas été envoyé depuis son téléphone portable, un téléphone qui n’est pas non plus
enregistré sous son nom. Je suis sur qu’il sera blanchi ».
Paul Bhatti souligne
que ce n’est pas le premier cas de personnes accusées d’avoir blasphémé via l’envoi
d’un sms. D’autres cas ont eu lieu à Karachi, et l’an dernier à Islamabad. Paul Batthi
affirme que toutes les personnes poursuivies ont été blanchies. Lui se bat actuellement
pour que des amendements à la loi sur le blasphème soient introduits afin de prévenir
un usage impropre de ce texte de loi.