Egypte : Tawadros II suspend ses audiences en raison des troubles
Le patriarche copte orthodoxe renonce à ses audiences du mercredi au Caire en raison
des troubles en Egypte. C’est ce qu’indique, mardi 16 juillet, le service d'information
du Ministère de l'Intérieur, en se référant à des sources ecclésiales. Déjà ces deux
dernières semaines, Tawadros II avait renoncé à sa rencontre avec les fidèles dans
la capitale égyptienne.
Depuis la destitution du président Mohamed Morsi par
l'armée le 3 juillet, les actes de violences se sont multipliées, notamment dans la
péninsule du Sinaï. Des hommes armés y ont lancé quasi-quotidiennement des attaques
contre l'armée et la police dans la péninsule, tuant plusieurs membres des forces
de sécurité et deux coptes. L’armée égyptienne a d’ailleurs demandé et obtenu d’Israel
le droit de déployer des renforts dans cette zone peuplée principalement de bédouins
et servant de base arrière pour des groupes islamistes. De premiers renforts, comprenant
une vingtaine de véhicules blindés et de transports de troupes, sont arrivés mardi
à al-Arich, capitale du gouvernorat du Nord-Sinaï, selon les services de sécurité
égyptiens.
Aggravation des violences confessionnelles selon une ONG locale
Selon
« l’initiative égyptienne pour les droits personnels » (EIPR), les coptes sont de
plus en plus menacés en Egypte, et doivent faire face à une recrudescence de violence
à leur encontre. Cette ONG exhorte ainsi les autorités intérimaires à réagir au plus
vite pour protéger cette communauté de 84 millions d’habitants, soit 10% de la population
égyptienne.
L’ONG égyptienne alerte sur la gravité des violences confessionnelles
survenues dans divers gouvernorats du pays depuis le 30 juin, date des grandes manifestations
qui ont abouti au renversement par l’armée de Mohamed Morsi. Maisons pillées et
incendiées, attaques, saccages d’églises, meurtres, -notamment ceux de quatre coptes
les 4 et 5 juillet dernier, à Louxor (Haute-Egypte), à la suite d'actes de vengeance
après le décès d'un musulman, imputé à un chrétien… Selon Ichak Ibrahim, un responsable
d'EIPR, « les coptes paient le prix des discours enflammés contre eux de dirigeants
islamistes et de partisans de l'ancien président, qui les accusent d'avoir conspiré
en faveur d'une intervention de l'armée ». Ecoutez l’analyse de Laure
Guirguiss, spécialiste de l’Egypte et des coptes à l’Université de Montréal
Mardi
16 juillet, un nouveau gouvernement a prêté serment en Egypte. La nouvelle équipe
comprend plus d'une trentaine de membres issus d'horizons divers dont trois femmes
et trois coptes. Une personnalité émerge de ce nouveau cabinet : le général Abdel
Fattah al-Sissi. Déjà chef de l'armée, il demeure non seulement ministre de la Défense
mais hérite en plus d'un poste de vice-Premier ministre. Ce gouvernement a immédiatement
été rejeté par les Frères musulmans, le mouvement dont est issu Mohamed Morsi.
La
transition politique promise par le gouvernement et le président par intérim doit
mener à l'adoption d'une nouvelle Constitution, puis à des législatives d'ici début
2014, avant la tenue d'une nouvelle présidentielle. (avec agences)
Photo
: Tawadros II lors d'une conférence de presse, le 3 juillet dernier, après la destitution
de Mohamed Morsi.