2013-07-15 15:18:09

Zimbabwe : les évêques appellent les électeurs à voter pacifiquement


Les diplomates zimbabwéens en poste à l'étranger ainsi que près de 87.000 personnes, militaires, policiers et membres des principaux organes sécuritaires du Zimbabwe ont commencé à voter par anticipation dimanche et lundi 14 et 15 juillet 2013, deux semaines avant l'élection du 31 juillet qui opposera à nouveau le président Robert Mugabe au Premier ministre, Morgan Tsvangirai.
Dans la capitale, Harare, policiers et militaires en uniformes faisaient la queue devant les bureaux de vote, sous le regard d'observateurs électoraux régionaux et des objectifs tandis que lors des précédents scrutins, ce vote se déroulait portes closes, dans les casernes, sans la présence d'observateurs indépendants.

2 400 observateurs catholiques à travers le pays

La Conférence épiscopale du Zimbabwe dépêchera 2'400 observateurs dans les bureaux de vote, a annoncé Arkmore Kori, le directeur de la Commission Justice et Paix. Cette mesure est destinée à “donner confiance” et encourager les inscrits à participer aux élections législatives et présidentielles du 31 juillet.

Dans un entretien à la revue des jésuites In Touch, Arkmore Kori a déclaré que des volontaires seraient également déployés “dans les régions les plus reculées” du pays, difficiles d'accès pour les observateurs. “Nous appelons les gens à aller voter et à voter de manière pacifique, a rappelé Arkmore Kori, en tenant compte du fait que le choix de ses dirigeants s’inscrit dans le cadre de la responsabilité pastorale de chaque chrétien”.

Le directeur de Justice et Paix du Zimbabwe a ajouté que dans 2'400 des quelque 9'700 bureaux de vote prévus pour le scrutin, certains volontaires porteraient un T-shirt avec l’inscription “observateur catholique”. Il s’agit d’un moyen, selon Arkmore Kori, d’encourager une population “qui a perdu confiance” depuis les violences qui avaient caractérisé les élections de 2008.

Le spectre des violences post-électorales de 2008 ressurgit au Zimbabwe

Amnesty International a publié un rapport ce vendredi sur l’élection présidentielle qui se déroulera le 31 juillet prochain. Rapport dans lequel l’organisation de défense des droits de l’Homme souligne un climat de restriction des libertés politiques.

Le scrutin voit s’affronter le président sortant Robert Mugabe, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, et son Premier ministre, Morgan Tsvangirai, les deux candidats d’il y a cinq ans. Comme à l’époque, le climat est tendu et les actes d’intimidation envers les candidats ou les partisans du chef du gouvernement et chef du MDC ( Mouvement pour un changement démocratique) se multiplient à l’approche de l’élection. C’est ce que relève Amnesty dans son rapport sur lequel revient Quentin Ferral, coordinateur pour l’Afrique australe à Amnesty France. Il est interrogé par Xavier Sartre RealAudioMP3

« Amnesty International a mené depuis 2008 une quinzaine d’enquêtes sur le terrain, interrogeant des militants des droits de l’Homme, des autorités officielles et des journalistes. Nous constatons que depuis l’adoption de la Constitution, il y a de nombreuses intimidations de la part des forces de sécurité qui entravent le travail des ONG locales », explique-t-il. Des militants sont ainsi arrêtés et retenus au poste de police pendant quelques heures, sans que des poursuites pénales soient nécessairement entreprises. Des locaux d’organisations ont été visités par des policiers ou des membres des forces de l’ordre afin de « dissuader ces militants de faire leur travail ou de dissuader même les électeurs de se rendre aux urnes ».

Police et armée aux mains de Mugabe

Cet état de fait que dénonce Amnesty International montre bien que l’essentiel de l’appareil sécuritaire du Zimbabwe est demeuré dans les mains de Robert Mugabe et de ses partisans. Morgan Tsvangirai, pourtant chef du gouvernement depuis la fin de la crise politique post-électorale, n’est pas parvenu à contrebalancer l’influence de celui préside aux destinées du pays d’une main de fer depuis trente-trois ans.

Face aux craintes de nouvelles irrégularités lors du vote, Amnesty International appelle les observateurs africains de la SADC, la Communauté de développement des Etats d’Afrique australe, à ne pas vérifier que les opérations de vote mais de voir ce qui se passe dehors pour s’assurer que tous les électeurs aient la possibilité de voter.

De son côté, l’Union européenne, qui « aurait voulu davantage de réformes » avant les élections, lèvera ses sanctions contre le régime zimbabwéen si le scrutin est validé par les observateurs régionaux. C’est ce qu’a fait savoir l’ambassadeur de l’UE, Roland van de Geer ce vendredi depuis l’Afrique du Sud. Il a réclamé des réformes notamment dans les secteurs de l’armée et de la police, points sensibles.

(Photo : un officier s'apprête à voter ce lundi à Harare)







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